La saignée
Par Kamel Moulfi – Il n’est pas abusif de tirer la sonnette alarme sur la situation sociale créée par l’érosion du pouvoir d’achat d’une grande partie de la population. Les prix ont commencé l’année mal pour les consommateurs qui doivent débourser plus qu’il y a quelques jours à peine pour acheter le même produit. Les yeux sont braqués sur le lait et ses dérivés à cause, dit-on, d’une envolée des cours mondiaux elle-même imputée aux Chinois dont la demande a agi sur les marchés, mais aussi à la sécheresse qui a touché les pays producteurs de poudre de lait. En fait, c’est tout le panier qui est concerné et sans aller jusqu’au détail anecdotique de la courgette – dont on pourrait se passer –, ce sont les produits de base, comme les légumes secs, qui sont le plus touchés par la flambée des prix. Les augmentations successives ont toujours été expliquées par de «bonnes raisons» : en 2008, c’était la crise alimentaire mondiale et en 2012, les dysfonctionnements dans le marché des fruits et légumes. Les pouvoirs publics avaient fait la promesse que l’inflation serait ramenée à des proportions acceptables. Le risque aujourd’hui est de voir la spirale inflationniste de nouveau se mettre en place, cette fois de façon artificielle actionnée par ceux qui détiennent un monopole de fait sur les marchés de fruits et légumes. Les propos rassurants des responsables en charge du commerce intérieur, particulièrement le ministre, ne suffisent pas à calmer les inquiétudes. Ce sont des mesures concrètes qu’attendent les consommateurs à travers une intervention plus grande et plus forte des services de l’Etat dont c’est la mission régalienne d’empêcher la faune de spéculateurs professionnels d’organiser en toute impunité une anarchie des prix qui pénalise le citoyen. Les services de l’Etat doivent également renforcer leurs capacités d’intervention sur la qualité et les prix des services marqués très souvent par des fraudes et des malfaçons contre lesquelles le consommateur n’est pas protégé. Le laisser-aller est dangereux dans ce domaine.
K. M.
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