Autorisés à interdire
Par Karim Bouali – Les discussions autour du projet de loi sur l’audiovisuel donnent un avant-goût de ce que sera, s’il est lancé, le débat sur la question des journaux électroniques dont il faut espérer que leur tour ne tardera pas. Le code de l’information voté en 2012 reconnaît la place de la presse électronique et lui fixe les mêmes balises «conventionnelles», à travers l’article 2, que pour le reste de la presse. Mais dans les faits, il n’y a pas encore de mise à jour de la situation juridique des sites d’information électroniques contraints à recourir à la domiciliation à l’étranger. En apparence, ces sites sont traités de la même façon que la presse écrite traditionnelle mais dans la réalité les choses sont autres. Conséquence : il est beaucoup plus difficile aux sites de drainer les annonceurs qui procurent les recettes publicitaires indispensables à leur survie. Or, les journaux électroniques ont prouvé qu’ils remplissent une fonction de complémentarité avec les journaux classiques, grâce à leur plus grande liberté d’expression qui permet un traitement de l’information plus poussé à la fois par le journaliste professionnel qui en est chargé, mais aussi par la multitude de correspondants occasionnels qui interviennent directement ou à travers les commentaires. Force est de reconnaître que les journaux électroniques ont radicalement transformé le service public de l’information en le rapprochant du temps réel et, dans certains cas, en améliorant le contenu offert aux lecteurs. En même temps, c’est indéniable, l'Etat est en complet déphasage avec la réalité du terrain sur cette question. Il est temps que le pouvoir apprenne à distinguer entre «régulation» et «gestion autoritaire» du secteur de la communication. De quel droit l'Etat doit-il décider quand, comment et à qui accorder des autorisations ? En a-t-il lui-même le droit ?
K. B.
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