Cancer en Algérie : les chiffres inquiétants d’Oxford Business Group
Dans un article consacré à l’évolution de la situation du cancer en Algérie durant ces dernières décennies, le cabinet de consulting et de recherche Oxford Business Group a mis en exergue la hausse considérable du taux de prévalence de cette maladie, comme l’est celui des affections non-transmissibles de manière générale. Se référant à des statistiques de l’Organisation mondiale de la santé, OBG a révélé que le taux de prévalence du cancer dans notre pays est passé de 80 cas pour 100 000 personnes dans les années 1990 à 120 cas en 2008. Il devrait atteindre 300 cas pour 100 000 personnes au cours des dix prochaines années et enregistrer un taux comparable à ceux que l’on retrouve aux Etats-Unis, au Canada et en France, selon le cabinet international. Un autre chiffre révélateur de l’expansion de cette pathologie est mis en avant par OBG. En effet, en 2008, le cancer représentait 21% des causes de mortalité en Algérie et un tiers des décès causés par des maladies non-transmissibles dans la tranche d’âge 30-70 ans. C’est dire les ravages que continuent de causer cette affection qui prend de plus en plus des proportions alarmantes, au moment où la problématique de la prise en charge des malades devient extrêmement compliquée. «La plupart des patients atteints de cancer se tournent vers l’un des six centres anti-cancer publics dont dispose le pays, et qui sont tous complètement débordés», constate OBG qui indique que «le pays continue de souffrir d’un manque d’hôpitaux, d’oncologues et de matériel médical». D’après OBG, les temps d’attente avant une radiothérapie ou une opération peuvent aller jusqu’à 18 mois, citant à ce propos une déclaration récente du ministre de la Santé, Abdelmalek Boudiaf. Le cabinet note, par ailleurs, l’effort fait par le gouvernement algérien dans le sens de l’amélioration de la situation de prise en charge des malades à travers le territoire national. «En 2003, l’Algérie a été l’un des premiers pays d’Afrique du Nord à mettre en place un programme de prévention national de lutte contre le cancer, bénéficiant de fonds publics, qui encourage un mode de vie sain, un dépistage précoce, et œuvre pour l’amélioration de la qualité des soins», relève OBG qui ajoute que le gouvernement avait investi dans de nouvelles structures dans le cadre de son plan quinquennal 2010-2014. L’objectif visé est la construction de 45 centres de santé spécialisés, dont 15 en oncologie. OBG estime qu’à l’instar de nombreux marchés émergents, l’Algérie est dans une phase de transition épidémiologique : suite à l’amélioration des traitements des maladies infectieuses, les maladies non-transmissibles telles que le cancer, le diabète, les maladies respiratoires chroniques et les maladies cardio-vasculaires, gagnent en visibilité. «Sur le long terme, la hausse du nombre de cas de cancers et la nécessité de multiplier par trois le nombre de cliniques spécialisées appellera, de la part du gouvernement, d’importantes dépenses dans les domaines technologiques et pharmaceutiques». OBG relève, certes, que «les nouveaux centres anti-cancer prennent forme», mais il estime que les retards liés à l’achat de matériel et au manque de personnel médical continuent de constituer des obstacles, même pour les centres déjà achevés.
Amine Sadek
Comment (14)