Suspense à l’égyptienne
Par Kamel Moulfi – Aujourd’hui et demain (mercredi), en approuvant la nouvelle Constitution, les Egyptiens vont tourner une page dans les événements qui secouent leur pays et franchir un pas de plus vers la rupture avec le «printemps arabe», source de leurs malheurs actuels. Leur vote les aidera à sortir de la menace que font peser les Frères musulmans désormais exclus de la feuille de route mise en œuvre après la destitution de Morsi en juillet dernier. Les observateurs sont unanimes à penser que si les choses se passent bien, ce référendum se transformera en véritable plébiscite pour l’armée. Ce serait également la confirmation de la volonté des Egyptiens de se débarrasser des Frères musulmans et le signe que la très grande majorité de la population soutient le nouveau pouvoir qui pourra alors se prévaloir, surtout face aux partenaires étrangers de l’Egypte, de cette légitimité et poursuivre son processus de normalisation. Tout dépendra non seulement du poids du «oui» à la Constitution, mais aussi de la façon dont cette victoire sera obtenue, sans bavures. La perspective d’une guerre civile, sur fond de terrorisme, n’est pas encore écartée, tant que l’Egypte ne quitte pas la zone du chaos entretenu par les manifestations des partisans de Morsi. Les difficultés économiques entraînées par la chute des recettes touristiques et par le ralentissement de l’activité industrielle ne sont pas faites pour faciliter la tâche de l’armée. La démarche sécuritaire, autrement dit la répression du terrorisme, doit s’accompagner d’une démarche politique visant à isoler les éléments les plus extrémistes de la mouvance islamiste qui alimente la violence. La prochaine étape, la présidentielle prévue dans quelques mois, permettra à l’Egypte d’asseoir définitivement l’Etat laïque et moderne, alternative à l’Etat islamique que comptaient installer les Frères musulmans dans la foulée du «printemps arabe» avec la bénédiction des principaux pays occidentaux.
K. M.
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