Le président Bouteflika pourra-t-il revenir sur son engagement de quitter le pouvoir en avril prochain ?
Au milieu du fatras engendré par les appels émanant de certaines personnalités intéressées, à l’adresse du président sortant pour briguer un quatrième mandat, la voix du concerné lui-même n’est pas entendue. Aphone, le président de la République s’est vu «détourner» de son engagement, pris lors de sa visite à Sétif en mai 2012, de quitter le pouvoir en même temps que toute sa génération pour laisser la place à une nouvelle catégorie de dirigeants qui ne seront plus issus de la «famille révolutionnaire». La fameuse formule utilisée par Bouteflika lors de son discours, prononcé à un moment où la fumée du «printemps arabe» parvenait jusqu’en Algérie, et où tout le monde attendait que l’incendie prenne, ne souffre aucune ambiguïté, pourtant. Le chef de l’Etat, qui voyait ses homologues arabes tomber l’un après l’autre, et d’une façon brutale, s’était résigné à lâcher les rênes. «Nous ne sommes plus aptes» avait déclaré, à la surprise générale, celui dont la rue pense qu’il «s’accroche au pouvoir coûte que coûte» et qu’il «veut mourir président». Des observateurs avertis sont convaincus que le président Bouteflika aurait dû confirmer son intention de quitter le pouvoir depuis l’hôpital parisien du Val-De-Grâce, de sorte à permettre à la classe politique de se préparer à un rendez-vous présidentiel qui aurait été avancé sur sa date initiale, et d’éviter ainsi au pays d’entrer dans l’engrenage des manœuvres politiciennes actuelles – parfois dangereuses – fondées sur une approche égoïste et clanique. Ces mêmes observateurs pensent que le président sortant devra faire preuve de constance dans ses positions et respecter son engagement pris devant l’opinion publique de ne pas se maintenir au pouvoir et de sortir par la grande porte, en laissant derrière lui l’image d’un chef de l’Etat qui aura choisi de partir pour le bien du pays. En manœuvrant pour pousser le président Bouteflika à briguer un quatrième mandat, les instigateurs de cette politique hasardeuse et nocive veulent étouffer sa volonté exprimée à haute voix, il y a près de deux ans, de rentrer chez lui, après quinze années de pouvoir absolu.
M. Aït Amara
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