Pouvoir faible, peuple sage
Par Karim Bouali – La visite de Sellal sur le terrain à Ghardaïa a laissé croire que le feu de la discorde entre jeunes des deux communautés, ibadite et malékite, serait éteint, comme par magie, par sa seule présence. Mais sitôt que le Premier ministre avait le dos tourné, voilà que, dans certains quartiers de la ville, les groupes rivaux se remettent à leurs hostilités, comme ils en ont pris l’habitude au point de banaliser cet événement, tant il est devenu récurrent. Les messages qui parviennent de la ville véhiculent un contenu identique aux précédents : «locaux commerciaux et maisons sont pris pour cible et incendiés alors que les forces de polices déployées tentent de maîtriser la situation». Le décor n’a pas changé. Le séjour du Premier ministre a-t-il été trop bref ? A-t-il rencontré sur place les personnes qu’il fallait ? Pourquoi n’a-t-il pas consacré plus de temps pour rencontrer la société civile comme il le fait dans les wilayas où il se rend depuis quelques mois ? Les autorités locales – wali, chef de daïra, élus – sont-elles en mesure de trouver la bonne feuille de route, sur la base d’un diagnostic qui situe exactement l’origine du conflit, et de la mettre en œuvre pour réduire puis éliminer les causes réelles qui entretiennent l’opposition entre les jeunes des deux communautés ? Beaucoup de questionnements autour du déplacement du Premier ministre qui se voulait salvateur. Toujours est-il que cette reprise des heurts à Ghardaïa, après la «médiation» de Sellal, est la preuve, s'il en est, que le pouvoir ne maîtrise plus la rue et qu'en cas d'embrasement, il lui sera difficile, voire impossible d'agir pour rétablir le calme. Les ONG subversives sont aux aguets tandis qu'en face, le pouvoir vacille et s'enferme dans ses manœuvres pour se maintenir au détriment des intérêts supérieurs du pays. Si l'embrasement n'a pas eu lieu, ce n'est pas grâce aux actions du pouvoir, mais à la sagesse et à la patience du peuple.
K. B.
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