Amine Abderrahmane : «J’exclus toute implication des services dans l’assassinat de Boudiaf»
Dans un livre inédit qui paraît en plusieurs parties sur les colonnes du journal arabophone El-Hayat, le beau-frère et secrétaire particulier de Mohamed Boudiaf, Amine Abderrahmane, exclut toute implication des services de sécurité dans l’assassinat de l’ex-président du HCE. Venant d’un homme qui a tout le temps été aux côtés de Boudiaf pendant son court règne, ces révélations sonnent comme un démenti cinglant à toutes les théories ressassées par certaines voix, ici et à l’étranger, pendant deux décennies, disant que Si Tayeb El-Watani «a été tué par ceux qui l’ont ramené», autrement dit par les dirigeants de l’armée, qui avaient la charge d’assurer la transition suite à la démission de Chadli Bendjedid, au lendemain de l’annonce des élections législatives de décembre 1991. «J’exclus totalement, écrit d’emblée Amine Abderrahmane, l’implication des services dans ce débat qui nous préoccupe à présent, concernant les circonstances de l’assassinat de Mohamed Boudiaf, le 29 juin 1992 à Annaba et ses instigateurs.» L’auteur de l’ouvrage L’assassinat d’un grand chef d’Etat, rédigé en 1996, mais qui n’a pu voir le jour que huit ans plus tard, se dit «persuadé que les services de sécurité n’ont joué aucun rôle dans l’assassinat du président Boudiaf». Analysant le contexte de l’époque, il expliquera : «Les services de renseignement étaient restés loyaux, et leur chef, le puissant général Mohamed Mediène (Tewfik), les a mis au service de la politique de l’Etat telle que définie par Mohamed Boudiaf.» D’autre part, l’auteur estime qu’en tout état de cause, cet appareil de sécurité était «incapable d’accomplir une mission aussi sensible» à cette époque, «au vu de l’état de déliquescence et d’inorganisation dans lequel il se trouvait après les événements d’octobre 1988». «Tout le travail de ces services, dira-t-il encore, était réduit à la collecte des renseignements, au noyautage des réseaux terroristes et à quelques tâches inhérentes à la sécurité nationale.» Celui qui est qualifié de «boîte à secrets» du président disparu accuse indirectement la «mafia politico-financière», qu’il qualifie d’«influente», et de «bien introduite dans tous les rouages de l’Etat», d’être derrière l’élimination de Boudiaf. Celui-ci, dira encore Amine Abderrahmane, a eu le malheur de s’en prendre à cette mafia dès ses premiers discours, et en voulant lancer une opération «mains propres».
R. Mahmoudi
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