Boualem Sansal se fait l’avocat d’Israël auprès de l’Unesco
L’écrivain algérien Boualem Sansal a adressé une lettre à la directrice de l’Unesco, Irina Bokova, pour se plaindre de l’annulation d’une exposition prévue le 21 janvier prochain au siège de l’organisation internationale et intitulée «Les 3 500 ans de relations entre le peuple juif et la Terre sainte». Parlant en tant que membre d’honneur de cette exposition, Sansal déplore cette décision prise à la demande du «groupe arabe» auprès de l’Unesco, qui a considéré qu’une telle exposition ferait du tort aux négociations de paix et nuirait à la neutralité de l’organisation. Sansal écrit : «Cette annulation peut être perçue comme un boycott et donc à une prise de position politique. En tant qu’écrivain, j’ai la faiblesse de croire que c’est la libre expression qui sert la paix, c’est la confrontation des idées, c’est le dialogue avec l’Autre, et en tant qu’Algérien, je sais combien l’absence de démocratie dans nos pays arabes empêche la paix et nourrit la violence.» Pourfendant les pays membres de la Ligue arabe ayant demandé et finalement obtenu cette annulation, il dira sur un ton ironique : «Eteindre le feu dans sa maison est, me semble-t-il, plus urgent que d’aller combattre des expositions culturelles à l’autre bout du monde.» Et d’enchaîner : «Le groupe arabe peut aujourd’hui fêter sa victoire, il a fait annuler une exposition au motif que c’est l’exposition de l’Autre et il donne ainsi à entendre que l’Unesco, enfin objective et neutre, est acquise à sa cause. On aimerait maintenant l’entendre sur les dénis démocratiques qui se passent dans leurs propres pays et qui, ces trois dernières années seulement, ont fait quelques centaines de milliers de morts.» En se faisant l’avocat d’Israël, l’auteur du Village allemand réaffirme son allégeance au lobby sioniste qui a la main haute sur toutes les sphères de l’édition, en France notamment où l’écrivain algérien publie ses romans, à un moment où des artistes français luttent contre l’hégémonie de ce lobby dans leur pays. Sansal a déjà prêté allégeance à l’Etat hébreu en effectuant son célèbre pèlerinage à Jérusalem en mai 2012.
R. Mahmoudi
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