La vraie histoire d’Amar Saïdani : un syndicaliste cleptomane aux méthodes brutales et expéditives (II)

S’en suit alors la deuxième vie d’Amar Saïdani. Connu pour être hargneux, aux méthodes brutales et expéditives, fonceur, n’ayant pas froid aux yeux ni peur de la bagarre, c’est dans le syndicalisme, au sein de la section UGTA d’El-Oued, qu’Amar Saïdani a décidé de faire ses premiers pas de militantisme. Pas n’importe quel genre de militantisme. Celui des gros bras qui réglaient les comptes aux pauvres gens. Entouré de quelques repris de justice connus pour leur implication dans les affaires de contrebande, notamment vers la Libye, Amar Saïdani s’est lancé dans le bain syndical en faisant partie d’une délégation de l’UGTA qui a pris part à un congrès syndical maghrébin régional qui se tenait dans la banlieue de Tripoli. Pour un baptême du feu, ce fut le désastre, se souvient un ancien cadre syndical. En effet, le trésorier du congrès s’est plaint d’un vol de la caisse de l’organisation et le pauvre Amar Saïdani fut aussitôt accusé. Les Libyens étaient tellement sûrs de détenir le coupable qu’ils l’ont vite mis sous les verrous. C’est grâce au défunt Messaoud Baghdadi, figure syndicale locale écoutée et respectée, qu’Amar Saïdani a été sauvé in extremis, ajoute notre source. Le secrétaire général de l’UGTA de l’époque, Tayeb Belakhdar, contacta les autorités libyennes officiellement afin que Saïdani puisse être libéré. Après quatre jours de tractations, il le fut et Tripoli ne lui donna que quatre heures pour quitter le territoire libyen. Malgré le scandale, Saïdani demeura au sein de l’UGTA locale. Mais il n’échappa pas à l’humiliation. A l’Assemblée générale constitutive de la fédération UGTA de la wilaya d’El-Oued, El-Hachemi Seghir, membre du bureau national, remarqua la présence de Saïdani dans la salle de conférences et refusa de commencer l’AG tant que «le militant» Amar n’avait pas quitté la salle. «Sors de cette salle, voleur», lui lança-t-il en public dans l’une des pires humiliations de sa vie dont il se souviendra plus tard pour assouvir sa vengeance. Il faut dire qu’en parallèle à ses activités de «militant», Saïdani poursuivait ce qui faisait sa réputation : la contrebande avec une bande de copains. Son petit gang s’est fait une réputation dans l’achat et la revente de matériel roulant, dont des camions de la Sonatrach à Hassi Messaoud qui étaient refourgués au Niger et au Mali.
Hani Abdi
Demain : La toute-puissance de la Sécurité militaire au service du caïd local
 

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