Le Centre de l’Orient pour les droits de l’Homme dénonce la torture systématique en Arabie Saoudite
Les arrestations arbitraires et la torture sont pratiquées systématiquement en Arabie Saoudite contre toute personne qui conteste le régime politique. Une nouvelle preuve en est donnée par le communiqué du Centre de l’Orient pour les droits de l'Homme adressé à Algeriepatriotique, concernant la lettre envoyée par ce Centre à la Croix-Rouge internationale, à Genève, pour lui demander d’intervenir en urgence afin de mettre fin à la situation inhumaine vécue par deux détenus en Arabie Saoudite, Mustafa et Ali Chouyoukh, qui se trouvent dans les locaux des renseignements généraux après avoir été arrêtés dans une manifestation pacifique. Le CICR est supplié de demander aux autorités saoudiennes de lui permettre de s’enquérir de la situation humanitaire des détenus, qui sont soumis à la torture selon des témoignages recueillis sous le couvert de l’anonymat auprès de leur famille. Mustapha Chouyoukh (né en 1996) avait 15 ans quand il a été arrêté, le 10 février 2011, et isolé dans une cellule durant trois mois. Il a été frappé et soumis à un traitement inhumain de la part d’un enquêteur identifié par ses initiales dans la lettre adressée au CICR. Sa mère a pu ensuite lui rendre visite, mais il n’a pas eu droit à un avocat ni au moment de son arrestation ni pendant son interrogatoire. Près d’un après son arrestation, il a fait l’objet de 14 chefs d’inculpation par un juge désigné par le ministère de l’Intérieur saoudien. La séance s’est déroulée en l’absence d’un avocat, la famille de Mustapha Chouyoukh n’a pas les moyens financiers d’en constituer et le tribunal refusant d’en désigner un d’office. Le jeune Mustapha a rejeté toutes les accusations portées contre lui. Il est accusé d’avoir participé plusieurs fois aux émeutes en lançant des slogans contre les autorités saoudiennes. Il est également accusé de s’être opposé aux forces de répression en jetant sur eux des pierres, mais aussi des cocktails Molotov, ainsi que sur le commissariat de police d’El-Aouamya, une ville saoudienne. Enfin, une autre accusation porte sur la complicité avec d’autres émeutiers dont cheikh Nimr al- Nimr qui se sont attaqués aux forces de police. Mustapha Chouyoukh a été condamné à 15 ans de prison et 5 ans d’interdiction de sortie du territoire saoudien. Il a fait appel le lendemain. Son frère, Ali, 20 ans, a été arrêté sur le pont qui relie l’Arabie Saoudite à Bahreïn, le 20 décembre dernier, et transféré secrètement dans un centre de détention à Dhahran puis dans un centre de torture. Dans le but de le démoraliser, ses geôliers lui avaient donné de fausses informations sur sa famille (un frère décédé, sa mère hospitalisée). Le 19 janvier, il lui a été permis de téléphoner à sa mère qui a démenti ces informations avant que la communication ne soit coupée. La famille a écrit aux différentes autorités du pays, mais elle n’a reçu aucune réponse à propos de la situation de ses deux enfants, ce qui a accru ses inquiétudes sachant qu’ils sont soumis aux tortures pratiquées par les enquêteurs. Le 11 décembre, la mère elle-même a été interpellée et interrogée sur les liens entretenus par ses enfants avec cheikh Nimr al- Nimr et leurs positions sur les manifestations à Qatif. Les organisations internationales qui s’occupent de droits de l’Homme ne peuvent prétendre ignorer la situation faite aux Saoudiens arbitrairement détenus et systématiquement torturés. Elles sont tenues d’intervenir sous toutes les formes pour mettre fin à cette situation imposée par un régime qui ne se maintient que grâce au soutien des pays occidentaux, Etats-Unis, France et Grande-Bretagne principalement.
Kamel Moulfi