Economie et espionnage : le leadership des USA
Espionnage industriel, espionnage économique, espionnage lié à la lutte antiterroriste rattaché à la sécurité des Etats, ou dans le cadre de la lutte contre la corruption des hauts commis de l’Etat ; identification des propriétaires de fonds déposés dans les paradis fiscaux, blanchiment d’argent sale, repérage des argentiers du terrorisme, collaboration des services spécialisés dans les collectes de renseignements avec la police pour batailler contre la grande criminalité étaient jusque-là les fondements justifiants les écoutes, et les débordements des agences qui activaient dans la plupart des pays. Les opacités voulues et entretenues dans les cahiers des charges ont permis bien les débordements des services secrets depuis toujours. Les révélations faites à la presse par Edward Snowden à propos des agissements qualifiés d’illégaux théoriquement par les Etats, ne sont en réalité pour la National Security Agency, et son homologue Britannique du GCHQ, que l’héritage de pratiques ayant bénéficié du laxisme des principales puissances depuis fort longtemps. La seule différence de la fonction du renseignement est son ordre de grandeur, lequel s’est étendu à l’ensemble des utilisateurs des nouvelles technologies. N’importe qui, possédant un ordinateur domestique, connecté ou pas à Internet, ou un téléphone portable peut être sujet à des écoutes, mieux encore, le New York Times nous révèle que les utilisateurs d’application sur smartphones n’échappent pas à la collecte de quantités de données impressionnantes que ce soit sur Facebook, Google Maps ou même le jeu «Angry Birds». Depuis des lustres, gouvernements et parlementaires connaissaient l’existence des services de renseignement et des stations d’écoutes à grande échelle. L’accès à la bonne information a nécessité de lourds investissements pour non seulement financer le contre-espionnage, la lutte antiterroriste, ou pour décrocher tout simplement des marchés contre le versement de pots-de-vin, mais a été également utilisé comme moyens de chantage à l’endroit des principaux dirigeants de différents pays. Ainsi, les présidents américains et leur entourage ont été l’objet de surveillance de la part du FBI jusque dans leurs relations des plus intimes, et les plus discrètes, ce qui permit de doter les services de renseignement de moyens persuasifs ou dissuasifs d’importances primordiales dans le choix des hommes, et des politiques à suivre par les administrations publiques. Le renseignement à l’échelle internationale n’est pas en reste, puisqu’un rapport publié le 18 février 2013, la société américaine de sécurité informatique «Mandiant» accuse l’unité 61398 de l’armée chinoise d’être à l’origine depuis 2006 d’une vaste opération de cyber-espionnage visant à s’approprier des volumes considérables de données sensibles au sein des 141 entreprises et organisations principalement anglo-saxonnes. Le 6 juin 2013, le quotidien britannique The Guardian révèle que, dans le cadre d'un programme hérité de l'ère Bush et de la lutte antiterroriste, une ordonnance de justice secrète obligeait l'opérateur américain Verizon à livrer quotidiennement à l'agence nationale de sécurité (NSA) la totalité des données téléphoniques de ses abonnés . L'agence nationale de sécurité a transféré l'ordre le 25 avril au FBI, accordant par là au gouvernement un accès illimité aux données pour une période de trois mois. Les données concernent la géolocalisation des appels, leur heure et durée, et l'identifiant unique des parties. Le jeudi 6 juin, l'administration Obama réagit via un haut responsable qui, sous couvert d'anonymat, explique que cette collecte d'information est un «outil crucial» pour lutter contre le terrorisme et ne concerne que les données liées aux appels. La sénatrice démocrate de Californie, Dianne Feinstein, déclare de son côté que l'ordonnance secrète n'est que le renouvellement – d'une durée de trois mois (25 avril – 19 juillet) d'une pratique courante. D'autres parlementaires font remarquer que cette pratique est parfaitement légale, et en accord avec le Patriot Act en vigueur depuis 2001. Les services de renseignement sont plus que l’on croit impliqués dans les espionnages commerciaux, et le vol des droits d’auteur. L’espionnage industriel fait souvent bon ménage avec la raison d’Etat. Ces pratiques sont définies comme parfaitement légales surtout après l’officialisation de Patriot Act en 2001 justifiant le bien-fondé de la lutte antiterroriste. Avec les nouvelles révélations d’Edward Snowden, il apparaît que l’espionnage ne se limite plus à façonner des prototypes industriels parfaitement semblables à ceux des nations concurrentes, puisqu’il s’agit à présent d’espionnage politique. Depuis la généralisation des outils informatiques, il est devenu plus aisé de collecter des données, de les entrecroiser et de les exploiter pour diverses terminaisons. L’économie de l’immatériel avec la prise en compte du capital immatériel dans la comptabilité des entreprises instaure une véritable course au contretype, et à sa généralisation de manière presque légale.
Amar Khelifi