La course à la quantité
Par Karim Bouali – La question du logement empoisonne l’existence d’un grand nombre d’Algériens, en particulier la proportion non négligeable de gens qui habitent encore dans des bidonvilles, appelés habitat précaire par euphémisme, dans une situation dramatique qui frôle parfois la catastrophe, et auxquels s’ajoutent les demandes légitimes induites par l’accroissement démographique. L’Etat s’est fait une obligation de s’en occuper, pratiquement seul. Les investissements publics dans la construction de logements, lancés par millions d’unités et sous le sceau du programme présidentiel, partent, de toute évidence, de paramètres politiques avant de répondre au besoin social pressant. C’est ce qui explique, sans doute, que l'Etat continue à s’en mêler. Mais les choix des gouvernements successifs ont été catastrophiques : cités dortoirs hideuses, anarchie totale, bidonvilles toujours existants cinquante ans après l’indépendance, atteintes à l'environnement, constructions dangereuses dans des zones non adéquates – lits d'oueds, terrains marécageux, tours dans des zones aéroportuaires, etc. Evidemment, les populations ne participent pas au processus de construction d’habitations. En outre, les délais de réalisation draconiens, imposés par l’impératif politique, et la course à la quantité, se répercutent sur la qualité des logements construits et livrés, qui est souvent médiocre. Qu’attend-on pour corriger cette démarche qui a prouvé que l’Etat a lamentablement échoué face à la crise du logement ? Il faut abolir le «Tout-Etat» dans la gestion de cette question. Il faut que l'Etat laisse «ses» banques faire le travail qui est le leur : réhabiliter le crédit sérieusement, dans un cadre privé organisé (promoteurs immobiliers publics et privés) comme font nos voisins qui nous devancent de loin dans la politique du logement, ne serait-ce que sur le plan esthétique. Bref, faire du logement «social» une exception et non pas la règle.
K. B.
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