Silence énigmatique
Par Kamel Moulfi – Les interventions pour le moins déplacées et plutôt agressives du chef actuel du FLN, Amar Saïdani, et les excès de langage chez Ghoul et Benyounès, pas du tout improvisés, indiquent bien le manque de sérénité qui marque une campagne pré-électorale, lancée visiblement par le clan présidentiel dans la précipitation et, c’est tout aussi évident, avec un certain affolement. Pour sa part, Saïdani vient de gravir un palier supplémentaire dans ses extravagances, en précisant cette fois la «cible» qu’il vise dans ses attaques contre le DRS, et il est tout à fait légitime de se demander jusqu’où il ira pour espérer continuer à focaliser l’attention sur lui. Tout cela contraste avec le silence énigmatique observé «en face» et celui calculé d’Ali Benflis, qui se dit respectueux de la loi et du calendrier électoral qu’elle a fixé. Dans cette cacophonie singulière, le président de l’Assemblée populaire nationale, Larbi Ould Khelifa, semble prêcher dans le désert quand il appelle les Algériens «à mettre de côté leurs différences et à se rapprocher autour de tout ce qui les unit». Car, dans les faits, tout tourne autour d’un seul point : un quatrième mandat pour le président sortant, connaissant son état de santé. Cet enjeu autorise toutes les dérives. On a vu comment, sur la question de la candidature de Bouteflika, deux membres du gouvernement ont étalé leurs contradictions. Amar Ghoul déclare que la campagne pour la collecte des signatures à son profit a commencé, en clair cela signifie que le président est candidat ; et Tayeb Belaïz qui rétorque que le président de la République n’a adressé aucune demande au ministère de l’Intérieur pour le retrait de formulaires de signatures ; donc il n’est pas, du moins pas encore, candidat. Il y a anguille sous roche. Qui veut pousser Bouteflika vers un quatrième mandat alors que le bon sens qui domine dans l’opinion publique lui commande de ne pas le faire ? Cela restera ainsi tant que le premier concerné maintiendra le suspense sur ses intentions.
K. M.
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