Elles reprennent les armes
Par Meriem Sassi – Cinquante ans après l’indépendance, les moudjahidate reprennent les armes. Le combat est à nouveau déclenché par le «Collectif des femmes de la Casbah». Une dénomination qui renvoie au bastion de la lutte à Alger contre le colonisateur, aujourd’hui réinvesti par des femmes courage pour rétablir, une bonne fois pour toutes, la vérité sur leur histoire. Celle d’un combat pour la dignité qu’elles ont mené à vingt ans et qu’elles refusent de voir souillé, au soir de leurs vies glorieuses, par de viles insinuations misogynes et révisionnistes. Pour rétablir la vérité et remettre leurs détracteurs à leur place, les moudjahidate, loin d’être timorées, signent un message très offensif, dans lequel elles s’adressent, sans le nommer, à Yacef Saâdi qui, par ses attaques gratuites et répétitives particulièrement contre Zohra Drif, a franchi récemment les limites du tolérable. Saâdi a provoqué chez les moudjahidate un sursaut de fierté et de courage les amenant, aujourd’hui, à s’exprimer pour faire taire les insultes et remettre chacun à la place qui a été la sienne durant la Révolution. Dans le texte poignant qu’elles rendent public, et avec l’élégance naturelle qui est la leur, les femmes courageuses de la bataille d’Alger entendent débusquer les menteurs et faire taire les usurpateurs de la mémoire. Elles estiment qu’elles ont trop souvent été ignorées et que l'Histoire n'a retenu qu'une part de leur passé. «Leur avenir a été confisqué. Emmuré dans un silence arrangé. Tout cela doit être corrigé. Le temps presse sans déroger», écrit notamment le Collectif des femmes de la Casbah, invitant toutes les moudjahidate à réagir contre les propos «des fossoyeurs de l'Histoire continuant à servir le capitaine Léger cinquante ans après». L’attaque subtile contre Yacef Saâdi, qui ne peut que se reconnaître dans ce passage, est pourtant d’une force implacable. Dans un autre passage, elles invitent «toutes les moudjahidate à rompre le mur de la sérénité infligée, à corriger les pages de la complaisance ordonnée, à reprendre la parole pour raconter leur vie, laisser la trace du glorieux passé des moudjahidate, hier opprimées, pour les femmes de demain libérées». Une offensive contre l’oubli et le déni qui permet aux moudjahidate de relancer aussi le combat pour la libération, non encore concrétisée cinquante ans après l’indépendance, des femmes des griffes de l’oppression et du dénigrement qui est souvent leur lot dans la société d’aujourd’hui.
M. S.
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