Le FLN à la recherche d’une bouée de sauvetage
Le virus politique ronge si profondément le parti du FLN qu’il a failli lui faire perdre la vue et l’ouïe ! «Trop occupé dans la bataille qui rongeait les uns et les autres, chacun veut conserver le gilet pare-balle pour les cinq années à venir ! Nous avons négligé d’écouter la base. Le monde changeait ; nous ne l’avons pas vu à temps», admet M. Goudjil, l’un des opposants à Belkhadem, alors que l’ancien colonel de l’ALN et ancien ministre de la Santé, le regretté Abderrezak Bouhara, qui possédait toujours son franc-parler, a été exclu de son poste lors du congrès du FLN. Cet intellectuel s’est contenté de dire que ni le déclin général des idéologies ni les mutations sociologiques n’ont été évalués à leur juste valeur. Le discours politique du FLN s’adresse toujours et encore à un type de personnes des années 1954-1970. Les vieux militants observent d’un mauvais œil Saïdani comme patron du FLN. «Le FLN est un parti du combat révolutionnaire, il ne doit pas être géré par un militant qui n’a jamais participé à la Révolution», ajouteront ces vieux baroudeurs dont plusieurs venaient du PPA (Parti du peuple algérien). «Sauver le FLN du naufrage est une affaire de tous les Algériens, à condition que les opportunistes retournent aux vestiaires», dira un membre de la Zone autonome d’Alger. Sauver, d’accord, mais à quel prix ? Car la voie du redressement est étroite, le plan pour des réformes politiques mis en place par la Présidence se révèle encore bien insuffisant, car le pouvoir en Algérie – il faut le reconnaître et ne pas occulter la vérité – c’est le FLN et le RND, mais jusqu’à quand ? dira M. Bensaïd. Donc, le FLN est appelé à se faire assainir, le peuple algérien n’est plus ce «mineur» auquel on impose des mûres et des pas vertes en lui disant : «Gobe et tais-toi», ce n’est plus l’époque de l'article 120. La nouvelle génération accuse le FLN et les moudjahidine d’avoir chassé la France pour bénéficier d'avantages occultes. Des jeunes universitaires accusent le FLN d’avoir propagé la corruption, la dilapidation et tous les maux sociaux après l’indépendance. Comment expliquer à ces jeunes le contraire ? A Oran ou à Alger, un seul mot circule : «Nous n’avons de parti que le FLN, et nos seuls représentants sont les anciens militants de la Révolution, pas le FLN d'aujourd'hui plein d'opportunistes.» C’est par cette locution incantatoire que tout ancien militant FLN répondra à vos questions. N’attendez pas qu’il vous révèle qu’elle est sa tendance. Puisqu’il vous précise qu’il veut être dirigé par des anciens maquisards. N’espérez pas non plus que l’on vous éclaire sur cette tendance qui serait favorable. Enfin, revenir à la formule d’un seul FLN, le héros de la Révolution et de l’Indépendance ne semblait pas facile, les querelles ont pris beaucoup d’ampleur, et la «guerre des poids lourds vient de commencer», alors faut-il miser gros chez les nouveaux bookmakers ?
A. B.