Quand le DRS dérange les agents d’influence de l’étranger (2e partie)
La République française nous a «civilisés» avec ses différents camps de concentration et ses exécutions sommaires des patriotes. Nous avons trop attendu que nos historiens nous fournissent la véritable histoire de notre patrie qui demeure occultée.
La République française nous a «civilisés» avec ses différents camps de concentration et ses exécutions sommaires des patriotes. Nous avons trop attendu que nos historiens nous fournissent la véritable histoire de notre patrie qui demeure occultée.
Marianne profite de l’occasion pour lancer la seconde étape ou la seconde partie du feuilleton du «Plan Bleu» que l’ancien président François Mitterrand avait béni, lequel plan «top secret» visait à déstabiliser l’Algérie et lui faire faire demi-tour. Au lieu de demander pardon pour toutes les années d’occupation colonialiste, elle divulgue ce qui était hier un peu secret. Elle abrite et soutient ses agents d’influence. Un projet consigné dans ce plan. Au début des années quatre-vingt-dix, un Algérien qui était dans une mission bien déterminée à Paris avait pris connaissance de ce «Plan bleu». Dans son rapport, il écrit : «L’objectif de tout cela est l’intégration de l’Algérie à l’économie française.» Il faut lire le «Plan bleu». Chaque journaliste algérien en langue française et arabe doit par devoir lire la synthèse de ce document… Il trouvera le fil conducteur de ce qui arrive à notre pays, le dénominateur commun de tous les événements, de toutes les thèses qui se déploient dans notre presse, essayons de les résumer : ramener l’Algérie à son ancien statut français. Appliquer les Accords d’Evian stricto sensu.» Les concerts de raï, comme les conférences scientifiques organisés à l’université pour discourir des traditions de la psychologie, de l’art, de la littérature de l’histoire et de la démocratie, bien sûr, servent la même psychologie du discours : le passé des Algériens est sans intérêt et ne mérite que les oubliettes. Leur langue est sans avenir puisqu’elle n’assimile pas la science moderne, les traditions des Algériens sont ridicules (virginité des filles, fêtes religieuses, chants, mariages, et.) et leurs lois (Code de la famille, droit musulman, etc.) sont antidémocratiques. Ceux qui dirigent l’Algérie sont des incompétents, des incultes, des assassins qui ont usurpé le pouvoir au nom d’une prétendue révolution : c’est cela le discours qui a été instrumentalisé par une cellule présidentielle avec l’aide de plusieurs ministres, d’ambassadeurs, de conseillers, de préfets et de centaines d’universitaires. Ce déploiement qui a été opéré dans les secteurs universitaire et culturel fait allusion aux discours essentiellement économiques : partenariat, ouverture du marché, sociétés mixtes, tourisme… L’action menée dans les premiers secteurs pousse le lecteur, le citoyen, à accepter la solution économique imposée à la fois par la crise économique et la pression exercée par l’entremise des médias et de l’opinion publique. «La solution» économique entraîne de nouveaux effets : retour des harkis en Algérie, retour des pieds-noirs, retour des émigrés en Algérie, laïcité, démocratie, ouverture des frontières, démilitarisation du système, intégration totale sur les plans de la sécurité, entre autres. Ces effets ont commencé à apparaître dès 1987 et la presse algérienne n’a pas soufflé mot des premières démarches. Les rares journalistes qui ont tenté de rendre compte de la mainmise sur l’Algérie ont été taxés d’antisémites.
De quoi s’agit-il au fait ?
C’est le «Plan bleu» qui rassemble tous les dénominateurs communs. De quoi s’agit-il au fait ? Refaire absolument tout ce qui fait aujourd’hui l’Algérie par le biais de l’économique : refaire les villes, les routes, les forêts, les usines, le logement, les universités, les lycées, leurs programmes, refaire les loisirs, le cinéma, les livres, refaire les Algériens en un mot, pour produire un Algérien conforme à l’esprit de la Révolution française de 1789, un Algérien qui se façonne de la sorte sera semblable au juif qui a été réhabilité en 1793. Mais celui-ci n’a pas pour autant renoncé à ses valeurs. Le «Plan bleu» ne concerne pas seulement l’Algérie. C’est tout le pourtour méditerranéen qui délimite son champ d’action, mais curieusement il n’y a que l’Algérie qui en reçoive une application directe. En 1987, dans une antichambre du palais de l’Elysée, lorsque «Plan bleu» est sorti des presses de l’éditeur, un haut fonctionnaire français a posé cette question ô combien importante : «Comment vont-ils lire cela ?» Son vis-à-vis répondit : «Ils ne liront pas. Les banques que nous gérons en Espagne (Barcelone) et en Tunisie assurent la canalisation des regards vers les voisins. N’ayez crainte, le dossier est crédible. Les risques se situent au niveau des contours, du discours culturel.» Mai 1992, un agent des services spéciaux français arrive à Oran. Il s’agit de Mme M. V. S., épouse d’un ancien journaliste algérien. Elle arrive à Oran en tant que conférencière ; de quoi veut-elle persuader les étudiants et les lecteurs algériens ? Et bien tout simplement de la nécessité de jeter aux orties les préjugés qui relèvent du mariage «arabe». Cette conférencière qui a mis au point, en 1985, l’opération raï en Oranie, pour laquelle les deux walis d’Oran, Rachid Meghazi et Baghadadi Laâlaouna, ont été mis à contribution. Dans un rapport qui traîne dans l’un des tiroirs des services spéciaux français daté du 25 juin 1986 et précédé du rappel «Financement A.T.P., recherches féministes, recherches sur les femmes», Mme M. V. S. rend compte d’une mission de 20 jours effectuée à Alger et Oran, elle a même visité Aïn Tedelès lors du Festival de la poésie populaire et de la chanson bédouine. Dans la conclusion de son rapport aux Ministères de la Défense et de la Culture français, on trouve la démarche à suivre pour dissocier les textes et les chants des meddahate de la pratique religieuse et faire de leurs prestations des fêtes de la danse profane, de plaisir, c'est-à-dire gommer de ce «métier» tous les chants religieux et ne laisser que les thèmes liés au raï. Il y avait aussi des manifestations «culturelles» organisées par les centres culturels français durant les années quatre-vingt, certains de nos compatriotes se sont jeté cœurs et âmes dans ce cercle, y compris l’ancien secrétaire général de l’organisme des artistes à cette époque, en l’occurrence M. N. M., qui après quelques verres se rappela de son ancien job, berrah, n’a pas hésité à crier haut et fort : «Fi khater França walli ma yebghihach yemout bel ghossa». Certainement, ce sont des agissements qu’on n’oublie pas. Parce que tout de suite, durant les années quatre-vingt-dix, on a payé le prix fort. Notre compatriote en mission à Paris nous relate aussi que François Mitterrand, alors chef d’Etat, fit une curieuse confidence à l’un de ses invités. Cela s’est passé en décembre 1988, à l’Elysée, au cours d’un dîner offert dans le cadre des traditionnelles réceptions de Noël. On en était au dessert lorsque le maître de l’Elysée, qui avait l’esprit accroché au problème de l’indemnisation des pieds-noirs, se pencha vers son invité de gauche et lui chuchota à l’oreille : «Vous verrez, mon ami, je vous rendrai l’Algérie sans débourser un sou !» L’homme auquel venait de s’adresser le président français fut stupéfait d’entendre cette promesse, car il n’était pas un pied-noir. Il n’avait pas fait la guerre d’Algérie et ne s’était jamais mêlé ni de près ni de loin aux «affaires algériennes». Cette «confidence» se fit en décembre 1988, c'est-à-dire trois mois après les violentes émeutes qui ont ébranlé l’Algérie.
A. B.