Quelle sacrée année !
Par M. Aït Amara – Les médias – que nous sommes – faisons feu de tout bois, recrutons dans les cafés maures, si bien que dans cette affaire de candidature de Bouteflika – ou pas – à la présidentielle qui pointe le bout de son nez, nous avons une chance sur deux de dire vrai. C'est comme ce fou du village qui crie à qui veut bien l’entendre, «quelle sacrée année !», et qui aura toujours raison, de toutes les façons ; que la saison soit bonne ou mauvaise, ce sera toujours une «sacrée année». Si Bouteflika se présente à la prochaine échéance et décide ainsi de rempiler, ceux qui criaient qu’il n’allait pas le faire diront qu’il a changé d’avis à la dernière minute ; ceux qui juraient par tous les saints que le président malade allait rester, même sur une chaise roulante, diront qu’ils ont toujours eu raison. Si, par contre, le locataire actuel d’El-Mouradia tirait sa révérence, les médias qui soutiennent mordicus, depuis des mois, qu’il allait bel et bien être présent sur la ligne de départ pour cinq autres années à la tête du pays diront qu’il a pris cette décision in extremis ; a contrario, ceux qui affirmaient depuis le début qu'amoindri, il n’était plus en mesure d’aller plus loin, diront qu’ils avaient vu juste. Face à l’avocasserie qui règne dans notre corporation, aggravée par la condescendance de celui qui sait tout et avant tout le monde, M. le président de la République, lui, s’adonne à une partie de trictrac. Un vieux jeu devenu en vogue depuis que Son Excellence s’est retiré dans [sa] villa tranquille et cossue de Zéralda. Dans ce jeu, les citoyens lui servent de dés et le pays de table . Et, alors que le peuple entier concentre son regard sur lui seul, bien qu’invisible, il multiplie les combinaisons pour gagner à tous les coups, jusqu’au dernier souffle. Quelle sacrée année !
M. A.-A.
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