L’annonce de la candidature de Bouteflika pour un quatrième mandat laisse l’opposition sans voix
Dans sa grande majorité, la classe politique algérienne donne l’impression d’être totalement tétanisée par l’annonce faite par le Premier ministre de la candidature de Bouteflika à la présidentielle d’avril. Pris de court, les opposants à un quatrième mandat pour le président sortant ne savent plus comment réagir sur le coup, préférant attendre, par calcul ou par manque d’information, l’évolution de la situation pour se prononcer définitivement. Seuls Ali Benflis et Sofiance Djilali, deux candidats déclarés, ont pour l’instant affiché leur indignation face à ce qu’ils qualifient de «coup de force» ou de «déclaration illégale» et menacent de se retirer de la course. Si pour le chef de Jil Jadid, c’est presque chose acquise – il attend une réunion formelle de son parti le 28 février pour annoncer le retrait –, la position de Benflis paraît plutôt inconfortable. Chez les autres candidats potentiels, opposés ou favorables à la candidature de Bouteflika, comme chez les partisans du boycott, c’est le silence radio. Dans le camp islamiste, la division s’est aggravée après cette annonce : pendant que le Front du changement d’Abdelmadjid Menasra se réunit pout sortir avec une option claire par rapport à cette échéance électorale, le Mouvement El-Islah décide, lui, d’apporter son soutien au candidat Ali Benflis au moment où celui-ci n’est pas encore sûr de ce qu’il doit faire. L’autre leader islamiste, Abderezzak Mokri, d’habitude si loquace, reste étrangement amorphe après ses dernières déclarations alarmantes, où il évoquait un «grave complot» qui se tramerait sur le dos de l’Algérie, accusant Hamrouche, le FIS et le FFS d’avoir pactisé pour partager le pouvoir. C’est bien la preuve que ni Mokri ni les autres, y compris au sein du mouvement des redresseurs du FLN, ne voyaient venir cette onde de choc, ni n’avaient eu le réflexe de l’envisager à temps et de préparer une riposte à la mesure de l’événement. Ces politiques doivent, en effet, réaliser à quel point ils sont incapables d’accompagner, encore moins de structurer, le mouvement d’indignation, large et spontané, porté par les citoyens à travers les divers supports de communication pour dire crûment toute leur rage, en réponse à cette énième forfaiture.
R. Mahmoudi