Otage d’un clan ?
Par Karim Bouali – Après l’annonce faite par Sellal, en sa qualité de Premier ministre, de la candidature de Bouteflika à un quatrième mandat, les commentaires autorisés venant d’observateurs qui suivent de près ce qui se passe en Algérie parlent avec insistance d’un clan qui aurait carrément décidé pour le Président. «Tant qu’on n’a pas vu et entendu le Président nous dire qu’il est candidat, on n’y croit pas.» Cette remarque revient systématiquement dans les discussions sur ce sujet. Alors, a-t-il décidé de se porter candidat lui-même ou d'autres l'ont-ils fait pour lui ? La question reste posée. Ce n’est pas le fait de prétendre à sa propre succession qui rend la candidature de Bouteflika problématique, la Constitution ne limite pas le nombre de mandats présidentiels et il est difficile de contester un droit constitutionnel. Mais, par contre, l’état de santé du Président permet toutes les interrogations. Au risque de se répéter, Bouteflika a été hospitalisé à la suite d’un AVC, il y aura bientôt un an, le 27 avril 2013, et, depuis, ses apparitions en public, retransmises par la télévision, ont été très rares : quelques fois pour recevoir des membres du gouvernement et des personnalités étrangères en visite en Algérie, et deux fois pour présider le Conseil des ministres pour une obligation incontournable, d’abord l’adoption du projet de loi de finances pour 2014 puis sa signature une fois qu’elle a été votée par le Parlement. Le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, et deux ministres, Amar Ghoul et Amara Benyounès, ont paru spécialement chargés de rassurer sur la santé du Président. Mais rien n’est venu étayer leurs propos. Incrédules, voire méfiants, des citoyens ont lancé une pétition, avec pour titre : «Nous voulons voir notre Président», ce qui veut dire que beaucoup doutent que Bouteflika soit «libre de ses mouvements». Est-il l'otage d'un clan ? En tout cas, tant qu'il ne se prononcera pas en personne, il subsistera des doutes. Comment organiser une élection présidentielle dans une telle ambiance de suspicion ?
K. B.
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