La Banque d’Algérie corrige les «errements» de son gouverneur
Visiblement désarçonnée par certains commentaires de presse faisant le lien entre sa dernière note de conjoncture et la tenue du sommet tripartite, la Banque d’Algérie (BA) vient de réagir par une autre note pour tenter de dissiper ce qui a été interprété comme un «chahut» de la réunion gouvernement-patronat-UGTA. L’institution financière tente donc de corriger les interprétations faites de la récente présentation par le gouverneur de la Banque d’Algérie des «tendances monétaires et financières en 2013» du pays. Pour la Banque d’Algérie, le chiffre de 0,13 milliard de dollars, rapporté, dit-elle, dans la presse, ne concerne pas le solde de la balance commerciale, mais se rapporte au solde de la balance des paiements globale.
La balance commerciale en 2013, indique l’institution financière, a enregistré un solde positif de 9,3 milliards de dollars. «Ce solde positif, bien qu’inférieur à celui de l’année précédente, résulte d’une diminution des recettes d’exportation d’hydrocarbures et d’une hausse des importations totales», explique la BA. Cette dernière tente aussi d’expliquer la hausse, apparemment inexorable, de la facture d’importation de plus en plus pesante sur les finances du pays. En effet, uniquement pour les importations de biens, la facture est passée de 51,57 milliards de dollars en 2012 à 55,13 milliards de dollars en 2013, soit une progression de 6,9%. Une hausse que la Banque d’Algérie juge «relativement modérée», puisque, explique-t-elle, elle est «inférieure à celle enregistrée en 2012, pour l'année précédente, (9,9%) et due, à hauteur de 88,34%, à la hausse des importations des facteurs de production qui constituent 48,14% des importations totales ». Dans sa tentative de justifier l’injustifiable, l’institution financière se perd même dans des détails qui ne change absolument rien au fait que la facture des importations est devenue un fardeau lourd à porter par une économie moribonde, basée sur des exportations d’hydrocarbures qui procurent au pays 98% de ses recettes. «Ces importations sont destinées à l’exploitation de l’outil de production et à l’investissement, en phase avec la forte croissance des crédits à l’économie en 2013 (20,21%), notamment la forte croissance des crédits à moyen et long terme (27,6%) dont la part relative dans le total des 2 crédits à l’économie est passée à 72,43 % à fin 2013 contre 68,24% à fin 2012», note la Banque d’Algérie. Elle va même mettre en avant le «léger» excédent enregistré de la balance des paiements globale «qui a alimenté les réserves de change». «Compte tenu du niveau élevé de ces réserves de change à fin 2013 (194,012 milliards de dollars, soit plus de 3 années d’importations de biens et services, dépassant les seuils habituels des pays émergents), et du très faible niveau de la dette extérieure totale (3,396 milliards de dollars), la position financière globale extérieure de l’Algérie demeure très solide et permet à notre pays de faire face à d’éventuels chocs externes», souligne la Banque d’Algérie qui, pour corriger la dernière sortie médiatique jugée désastreuse de son premier responsable dans un contexte préélectoral, se croit obligée de positiver un tableau qui pourtant parle de lui-même. Sinon, comment expliquer le fait qu’elle évoque «une relative stabilité du taux de change du dinar par rapport aux principales devises», «une solidité de la position financière extérieure» du pays et une année 2013 «caractérisée par un processus de désinflation», pour tenter de faire passer un message clair comme l’eau de roche : tout va bien. Comme si c’était réellement le cas.
Amine Sadek