Le bal des fantômes
Par Karim Bouali – Depuis que le clan présidentiel a décidé de faire se présenter le président malade pour un quatrième mandat, l’élection d’avril 2014 a pris une tournure qui la rend radicalement différente des précédentes – depuis 1999, particulièrement – sur deux éléments qui font l’essentiel d’un scrutin : les candidats et l’électorat. A candidat fantôme, électorat fantôme : en avril, il n'y aura pas d'électeurs, puisqu'il n'y aura pas de candidats, sinon un président sortant invalide et des adversaires partagés entre lièvres et outsiders sans aucune chance de remporter l'élection face à l'hydre de l'establishment que Bouteflika a construit pierre par pierre depuis qu'il a pris possession d'El-Mouradia, pour se préparer justement à cette dernière bataille gagnée, elle aussi, d'avance. L’opposition assiste impuissante à cette évolution, ou plutôt non-évolution de la situation, ne se manifestant que par un communiqué par-ci, une conférence de presse par-là, comme si c’était une façon de montrer, pour la forme et pour l’histoire, qu’elle est présente. Alors que la campagne électorale en faveur de Bouteflika est engagée depuis de longs mois, avec comme véhicules médiatiques les grands moyens publics et pour thèmes aussi bien les «réalisations» que les promesses qui touchent des centaines de milliers d’Algériens, nourrissant des illusions sur leur avenir, l’opposition semble se déclarer vaincue en considérant le «jeu fermé», adoptant une position défensive basée sur le seul argument électoral de la santé du président-candidat. Quant à l’électorat, accoutumé depuis des décennies aux élections «gagnées d’avance» par le ou les candidats du système, que savaient organiser le parti unique et tous ses satellites, il ne cherche pas la jonction avec cette opposition, et s’il s’abstient, il ne faudra pas croire qu’il a répondu à un quelconque appel.
K. B.
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