Le clan présidentiel se prépare-t-il à pactiser avec les résidus du FIS pour contrer l’opposition islamiste ?
Le Premier ministre Abdelmalek Sellal a attendu sa visite à la wilaya de Boumerdès, fief traditionnel des groupuscules armés encore actifs, pour lancer son appel à l’adresse des terroristes, en déclarant que l'Algérie, qui est, selon lui, devenue «une référence grâce à sa politique de réconciliation nationale», «tend toujours sa main à ses enfants». Cette déclaration faite dans un contexte préélectoral très tendu, où les partisans du président sortant mettent les bouchées doubles pour maintenir et élargir leur audience, ne peut que s’inscrire dans cette volonté, subrepticement affichée par le clan présidentiel, d’obtenir, sinon l’adhésion, du moins la sympathie de ceux qui se reconnaissent encore dans la mouvance islamiste radicale, au moment où la majorité des partis islamistes légaux ont opté pour le boycott du scrutin du 17 avril. Cette tactique électorale a été appliquée à travers la mise à contribution des projets de la concorde nationale, puis de la paix et de la réconciliation nationale, adoptés par référendum, dans les différentes campagnes électorales, en faveur du président candidat qui a lui-même, à maintes reprises, fait l’éloge des chefs du parti dissous, et disait «comprendre» ceux qui avaient pris les armes contre leur Etat et leur pays. Les défenseurs zélés de la politique de la réconciliation nationale estiment toujours que c’est grâce aux multiples concessions (écrites et non-écrites) faites aux membres de cette mouvance que des milliers de personnes enrôlées dans ces groupes islamistes armés auraient consenti à déposer les armes. Si c’est le cas, le gouvernement n’est plus dans l’obligation de tendre encore la main à ces «enfants de l’Algérie» qui auraient refusé la première offre qui leur avait été faite. Cette déclaration de Sellal intervenait au lendemain d’une proposition formulée par un ancien dirigeant du FIS, Hachemi Sahnouni, conditionnant clairement son soutien et celui des résidus de sa mouvance, dont il se fait toujours le porte-parole auprès des médias, à la candidature d’Abdelaziz Bouteflika, par la promulgation d’une loi décrétant l’amnistie générale, qui bénéficierait non seulement à ces terroristes activant encore sous la bannière d’Aqmi, mais, aussi, aux éléments politiques issus de l’ex-FIS, leur permettant notamment de relancer leur parti sous une autre appellation et d’activer en toute légalité. Ce qui reviendrait à remettre en cause totalement les dispositions de la loi sur la paix et la réconciliation nationale qui interdit aux personnes responsables de la violence terroriste d’exercer une activité politique. Une disposition dont ont sait qu’elle a été arrachée de haute lutte, au moment où le Président allait soumettre ce projet de loi. Le Premier ministre, dans sa nouvelle offre, ne précise pas les lignes à ne pas franchir dans cet élan de concorde et de mansuétude retrouvées.
R. Mahmoudi