Message décrypté de Hamrouche : «C’est l’armée qui a ramené Bouteflika, c’est à elle de l’écarter»
Des sources proches de Mouloud Hamrouche expliquent la démarche ambiguë de l’ancien chef de gouvernement par la sensibilité du message qu’il a voulu faire passer et la mauvaise interprétation qui aurait pu en être faite. Selon nos sources, ce que Mouloud Hamrouche a voulu dire à la hiérarchie militaire, c’est qu’elle est quelque part responsable de la situation de blocage actuel et que, ce faisant, c’est à elle qu’il revient désormais de pousser Abdelaziz Bouteflika vers la porte de sortie, «sans que cela soit lu comme un appel à un coup d’Etat». Ce que Hamrouche a lui-même souligné, du reste, lors de sa conférence de presse qu’il a animée jeudi dernier à Alger. Ainsi décrypté, le message de celui qui, un moment, avait laissé planer le doute sur la possibilité qu’il se présentât à la présidentielle d’avril prochain signifie que l’armée, dont il a vanté les mérites et le patriotisme dans sa déclaration, a le devoir de sortir le pays de l’impasse actuelle, vraisemblablement en appliquant l’article 88 de la Constitution qui énumère les mesures à prendre en cas d’empêchement du président en exercice d’assumer la fonction suprême. Ce qui est le cas présentement. «Notre pays vit des moments sensibles qui vont conditionner son avenir immédiat», avait notamment écrit Mouloud Hamrouche dans sa déclaration, reprise par l’ensemble des médias nationaux. Et d’enchaîner : «Il ne peut y avoir d’exercice d’un pouvoir d’autorité ou de mission sans habilitation par la loi et sans un contrôle. Il y va de l’intérêt et de la sécurité de l’Algérie, de tous les Algériens et de toutes les régions du pays. C’est à ces conditions que notre Armée nationale populaire assurera sa mission plus aisément et efficacement et nos institutions constitutionnelles assumeront clairement leurs rôles et fonctions (…) C’est à ces conditions que notre Etat demeurera crédible, sérieux et fiable pour ses partenaires et ses voisins.» En appelant les institutions à «assumer clairement leurs rôle et fonction», Hamrouche affirme implicitement que l’armée et le Conseil constitutionnel doivent prendre leurs responsabilités face à l’«exercice d’un pouvoir d’autorité» usurpé par une poignée d’aventuriers qui bafouent les textes fondamentaux de la République et agissent sans que les institutions exercent quelque droit de regard, puisque celles-ci sont incapables d’«habiliter la loi» et d’imposer un «contrôle» sur la gestion des affaires de l’Etat, comme cela devrait se faire dans un régime démocratique. Mais, au bout du compte, Hamrouche n’a été ni écouté par les militaires ni compris par les civils.
Karim Bouali