Le clan présidentiel confirme par son comportement surfait que Bouteflika est inapte à diriger le pays
A force d’en faire trop, les apôtres acharnés d’un quatrième mandat finissent par prouver le contraire de ce qu’ils affirment. Ainsi, en insistant à chacune de ses sorties sur la «bonne santé» de Bouteflika, le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, ne fait que confirmer que le Président n’est pas en mesure de diriger le pays. Car lorsqu’un chef d’Etat «se porte bien», il s’affiche en public et exerce sa fonction sans délégation ni procuration. Le simple fait de le voir en activité suffit aux citoyens pour comprendre qu’il est en pleine possession de ses capacités physiques et mentales. Ce que les journalistes ont vu hier au Conseil constitutionnel est la preuve, s’il en est, que l’entourage de Bouteflika s’échine à travestir la vérité par mille et un maquillages. Arrivé à bord d’une berline de luxe, flanqué de ses gardes du corps, le candidat imposé Abdelaziz Bouteflika était à peine visible à travers la vitre, plié par la maladie, affaibli, paraissant minuscule devant son chauffeur, un mastodonte de la garde rapprochée. Une image pathétique que les citoyens auront le loisir de découvrir dans les médias, dont le nôtre. Abdelaziz Bouteflika, dont un des frères se trouvait à bord d’une autre berline de même marque, qui suivait la première – d’habitude, c’est son frère cadet Saïd qui conduit –, s’est faufilé furtivement dans le bâtiment du Conseil constitutionnel sans que les nombreux journalistes, photographes et cameramen présents sur les lieux depuis le début de l’après-midi aient pu voir le candidat sortir du véhicule et se rendre au bureau du président du Conseil constitutionnel pour y accomplir les formalités d’usage. Un tel geste relève, désormais, du secret d’Etat ; personne n’a le droit de voir le Président se mouvoir laborieusement et articuler quelques mots à grand-peine, et savoir qu’il est physiquement incapable d’assumer sa fonction au-delà du 17 avril, date de la fin de son mandat actuel. Hier toujours, au Conseil constitutionnel, le président candidat à sa propre succession pour la quatrième fois consécutive avait été précédé par une dizaine de fourgons, transportant, dit-on, quelque cinq millions de signatures en sa faveur. Cette attitude ostentatoire du clan présidentiel traduit, en fait, une gêne qui ne dit pas son nom. Sinon, pourquoi vouloir prouver avec autant de jactance qu'Abdelaziz Bouteflika a pu réunir ce nombre faramineux d'approbations s’il est certain du soutien actif des Algériens ? Un président faisant preuve de retenue vis-à-vis de ses concitoyens se serait contenté de présenter, en toute modestie, les 60 000 signatures requises pour se porter candidat, sans apparat ni artifices. Cette communication contreproductive achève de discréditer Abdelaziz Bouteflika qui vient de prouver, encore une fois, qu’il est définitivement inapte à diriger le pays, non seulement à cause de sa maladie, mais aussi et surtout en raison de son entêtement à vouloir ramener le salut de l’Algérie à une clique de flagorneurs et d’intrigants.
M. Aït Amara