Le peuple otage d’un otage
Par R. Mahmoudi – Les Algériens qui ont vu la mise en scène franchement inquiétante d’hier au Conseil constitutionnel n’ont plus désormais aucun doute sur la précarité physique de leur Président, venu déposer son dossier de candidature, et, donc, sur l’illégitimité de son acte. Ils n’ont plus aucun doute, maintenant qu’ils ont vu toutes les images, même sélectionnées ou relookées, que leur Président n’est plus que l’otage de son entourage direct, lequel semble déterminé à mener à terme ce qui s’apparente bien à un véritable «coup d’Etat constitutionnel». Sinon, comment qualifier cette entrevue avec un Mourad Medelci pétrifié devant un candidat épelant péniblement les quelques mots d’usage qu’il doit prononcer – en se trompant d’ailleurs sur l’article de loi inhérent à cette formalité –, alors que dans un Etat démocratique ou dans une situation normale, on aurait assisté à un scénario tout à fait inverse. C’est, en fait, le président du Conseil constitutionnel qui aurait dû présenter au chef de l’Etat, physiquement incapable d’assumer ses fonctions, un constat d’invalidité, qui l’empêcherait d’aspirer à un nouveau mandat, voire même de continuer à gouverner, puisque cela dure depuis plusieurs mois. Otage d’une caste de prédateurs ne s’encombrant d’aucun scrupule, Bouteflika va, lui aussi, à son tour – et c’est là le drame –, prendre en otage tout un pays, pour on ne sait combien de temps encore. Le blocage à tous les niveaux se poursuivra, les libertés publiques seront mises en joug, les tensions sociales s’exacerberont, les partis politiques retourneront à leur léthargie, le clientélisme s’amplifiera, une nouvelle génération sera sacrifiée et vivra dans l’attente d’une proche libération qui ne viendra pas.
R. M.
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