Question écrite à M. le Premier ministre
Si j’étais parlementaire, Monsieur le Premier ministre, voici la question écrite que je vous adresserais au sujet de la santé de Monsieur le président de la République : Monsieur le Premier ministre, vous aviez déclaré face à l’opinion nationale et internationale que Monsieur le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, se portait bien, dressant ainsi un bulletin médical en votre nom. Votre assurance devait être fondée, et sans doute l’est-elle encore, sur le diagnostic d’une équipe médicale militaire de l’ancienne puissance coloniale. Pensez-vous, Monsieur le Premier ministre, que cette assurance puisse être aujourd’hui certifiée publiquement par l’équipe médicale algérienne qui suit le président de la République ? Cette mesure de confiance et de transparence est impatiemment attendue par le peuple algérien à la veille d’une élection présidentielle critique. Il va de soi qu’il serait indécent pour tout citoyen algérien de s’adresser à un Etat étranger pour s’informer sur l’état de santé du président, tant il est vrai que cela reste une affaire algéro-algérienne. D’autant que l’Etat en question sera fondé à accuser une fin de non-recevoir à pareille demande pour des raisons d’Etat et des raisons relevant du secret médical. Monsieur le Premier ministre, en ma qualité d’ancien ambassadeur qui a eu l’honneur d’organiser des visites de Monsieur le président de la République ou de participer à ses côtés à des négociations internationales, je n’ignore pas combien est éprouvante une visite officielle à l’étranger ou la conduite de longues séances de négociations. Ceci m’amène, Monsieur le Premier ministre, à vous soumettre d’autres questions en rapport avec une visite que le président de la République pourrait être amené à effectuer à l’étranger. Pensez-vous que le président puisse, sans risque aucun lors de son déplacement, répondre à l’invitation d’un chef d’Etat ? Pensez-vous qu’il puisse conduire les entretiens marathon qui caractérisent ces visites et qu’il puisse mener des négociations des heures durant sous une grande pression politique et psychologique ? Pensez-vous qu’il soit en mesure de conduire les nécessaires et éprouvantes conférences de presse ? Pensez-vous qu’il puisse assumer pleinement les charges présidentielles lors des déjeuners et dîners de travail ? Pensez-vous qu’il puisse se rendre sans risque à un sommet des chefs d’Etat au siège des Nations unies, à New York, qu’il puisse de nouveau y prononcer une longue plaidoirie et enfiler les entretiens bilatéraux et les mini-sommets régionaux ? C’est un rythme d’enfer, comme vous le savez. Tenir le rang de son pays met la santé à rude épreuve. Pensez-vous que son équipe médicale puisse aujourd’hui le certifier ? De la même manière, pensez-vous que le président Abdelaziz Bouteflika puisse accueillir des chefs d’Etat à Alger, honorer ses hôtes en s’astreignant aux lourdes contraintes protocolaires et mener de bout en bout un sommet de chefs d’Etat ? Pensez-vous, Monsieur le Premier ministre, qu’il est humain d’attendre du président Abdelaziz Bouteflika, de continuer à assumer des missions aussi écrasantes et hors du commun ? Dans combien de temps pensez-vous qu’il pourra lui-même rassurer le peuple algérien ? Quant à l’idée de remplacer ou de substituer une équipe au président Abdelaziz Bouteflika, vous n’êtes pas sans ignorer que, de par le monde, les chefs d’Etat traitent avec les représentants de leur rang et, souvent, dans les fora fermés, l’invitation est adressée à la personnalité elle-même au regard de sa stature sur la scène internationale. Ne pensez-vous pas que l’Algérie prendrait le risque de se voir mise en marge des conclaves et des centres décisionnels internationaux ? Monsieur le Premier ministre, le parlementaire que je ne suis pas, mais le citoyen qui a emprunté au parlementaire sa liberté d’expression et son sens du devoir apprécierait un éclairage sur une question cruciale pour le devenir de notre pays.
Halim Benattallah
Un citoyen inquiet