Le directeur général de l’Anep «convoqué» à la direction de campagne d’Abdelaziz Bouteflika ?
Nous apprenons de sources informées que le directeur général de l’Agence nationale d’édition et de publicité (Anep) aurait été «invité» à la direction de campagne d’Abdelaziz Bouteflika, sur les hauteurs d’Alger. Nous ignorons les raisons de cette entrevue entre le patron de cette agence publique – en charge de la distribution de la manne publicitaire institutionnelle à des fins politiques et d’enrichissement personnel dans certains cas dénoncés par Algeriepatriotique – et les responsables de la campagne électorale du président sortant. Mais la nature même de cette entité économique laisse supposer qu’elle sera sollicitée pour prendre en charge tout ou partie des aspects liés à la communication – publicité et affiches notamment. Des sources concordantes évoquent une sorte de «consortium» d’hommes d’affaires ayant bénéficié de grands projets durant les trois mandats de Bouteflika, qui devront renvoyer l’ascenseur au clan présidentiel en participant au financement de la campagne électorale de celui dont la gestion opaque de l’économie, durant quinze ans, leur a permis de décupler leur fortune. La présence du directeur général de l’entreprise à capitaux publics Anep à la direction de campagne du président-candidat fait vraisemblablement partie de cette gigantesque machine électorale que le clan de Bouteflika a mis en branle pour «broyer» ses adversaires. Il apparaît de plus en plus clair, en tout cas, que Bouteflika et ses partisans ne comptent pas «cracher» sur les moyens de l’Etat pour parvenir à leurs fins, même si une telle méthode est aussi immorale qu’illégale. «Rien ne pourra empêcher Bouteflika de se servir de ces moyens, à partir du moment où toutes les institutions politiques, judiciaires et sécuritaires ont été verrouillées de sorte à lui être pleinement dévouées», regrette une source proche de l’opposition. Le grave scandale de l’Anep révélé par notre site, bien qu’il ait coûté son poste au colonel Fawzi, ancien directeur du Centre de diffusion et de documentation (CDD) – rattaché depuis à la Direction centrale de l’information et de l’orientation (DCIO), relevant du vice-ministre de la Défense –, n’a pas mis fin à la prébende dont continuent de profiter ceux qui avaient été dénoncés dans nos précédents articles. L’argent détourné par des journaux à très faible tirage, mais néanmoins «pistonnés», n’a pas été restitué et les auteurs de ces détournements n’ont pas été inquiétés par la justice. Au contraire, il a servi à créer de chaînes de télévision qui seront entièrement consacrées, elles aussi, par reconnaissance ou par contrainte, à la campagne d’Abdelaziz Bouteflika. La maladie de ce dernier et son incapacité à sillonner le pays d’un bout à l’autre, et à haranguer les foules des heures durant, seront compensées par des moyens colossaux qui, espèrent ses partisans, pourront transcender ce handicap.
M. Aït Amara