Tous illégitimes
Par Karim Bouali – La Ligue arabe qui se réunit aujourd'hui dimanche, au niveau des ministres des Affaires étrangères, va, encore une fois, mettre à nu toutes les incohérences qu’elle accumule depuis qu’elle a pris le tournant qui l’a mise au service des pays occidentaux et l’a éloignée de sa mission d’origine consistant à développer la solidarité entre les pays arabes. Dominée par les monarchies du Golfe, cette institution a montré son nouveau visage face au conflit syrien en affichant ouvertement un statut d’auxiliaire des ennemis du monde arabe. Sur les ordres de ses maîtres occidentaux, elle a décidé, fin 2011, au mépris de ses règles de fonctionnement, de donner le siège de la Syrie à l’«opposition». En son temps, le côté burlesque de cette initiative a été mis en évidence : des monarchies sans ancrage réel dans les luttes des peuples arabes ont exclu la Syrie, un pays fondateur du panarabisme. Mais le ridicule est ailleurs : si l'opposition syrienne devait siéger à la Ligue arabe au lieu et place du «régime», cela voudra dire que les oppositions de tous les pays arabes membres de la Ligue devront faire de même, car aucun régime arabe n'est légitime. Les gouvernements dans cette partie du monde sont arrivés au pouvoir par hérédité (monarchies du Golfe), par la force (coups d'Etat), par la fraude ou par la bénédiction des officines occidentales qui nomment et dégomment les chefs d'Etat à leur guise. Aucun de ces régimes n'a été élu par le peuple et aucun d'eux n'œuvre pour le bien des peuples arabes. Heureusement, parmi les ministres qui participent aux décisions de la Ligue arabe, il y en a qui ne perdent pas leur lucidité. Comme s’en est fait l’écho le quotidien koweïtien Al Qabas, notre ministre des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra, devrait réaffirmer, devant la Ligue arabe, le refus de l’Algérie d’octroyer à l’opposition le siège de la Syrie. Cette position est, semble-t-il, partagée par l’Egypte. Ces deux poids lourds de la politique arabe, l’Algérie et l’Egypte, sont décidés à ramener les choses à leur ordre naturel. Le sommet des pays arabes prévu au Koweït les 25 et 26 mars 2014 aura-t-il le courage de mettre fin à la comédie qui n’a que trop duré?
K. B.
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