Comment et pourquoi Ahmed Gaïd-Salah a écarté Abdelmalek Sellal de la course à la présidentielle
Au fur et à mesure que l’échéance du 17 avril approche, de nouveaux éléments d’information nous parviennent sur l’extravagante décision d’Abdelaziz Bouteflika de briguer un quatrième mandat, bien qu’il soit incapable de continuer à assumer la fonction de président de la République vu son état de santé précaire. Selon des sources sûres, Bouteflika n’allait pas se présenter à l’élection présidentielle, mais un événement inattendu est venu perturber les plans du clan, si bien qu’il ne lui restait que le chef de l’Etat comme dernier recours pour «sauver les meubles». Nos sources expliquent, en effet, que le Président et son entourage immédiat misaient sur un retrait du candidat Ali Benflis, éternel rival de la «famille régnante», depuis qu’il a décidé de tourner casaque et de voler de ses propres ailes en 2004. Benflis avait affiché son intention de se retirer de la course à la présidentielle d’avril prochain si Abdelaziz Bouteflika se portait candidat. Le clan présidentiel n’a pas attendu que le Premier ministre fasse l’annonce officielle de la candidature de Bouteflika pour entamer les préparatifs y afférents. Tout le monde savait – c’était le but – que son entourage avait commencé à battre le rappel des troupes dans la perspective de son entrée en lice pour un quatrième mandat, plusieurs mois avant l’annonce de sa candidature. Ce tintamarre fait autour de la décision du président sortant de rempiler était destiné, en fait, à pousser Ali Benflis à jeter le tablier. Une fois ce dernier neutralisé, Abdelmalek Sellal se serait alors présenté à la place de Bouteflika et aurait passé le cap du 17 avril sans coup férir, pensait-on au sein du clan présidentiel. En sillonnant le pays, le chef de l’Exécutif ne faisait pas campagne pour Bouteflika mais pour lui-même. La candidature du «dauphin» Abdelmalek Sellal n’inquiétait pas Bouteflika, mais elle a été balayée par certains éléments dans l’entourage immédiat du Président, à leur tête le chef d’état-major et vice-ministre de la Défense, Ahmed Gaïd-Salah, qui a fini par convaincre Abdelaziz Bouteflika que le seul moyen de battre Ali Benflis était que lui-même l’affronte, tant qu'il est encore au pouvoir et qu'il dispose de l'appareil de l'Etat. L’essentiel pour le président sortant et son clan est, pour le moment, de gagner l’élection. Si Bouteflika s’assure un quatrième mandat, grâce au verrouillage de l’administration et à la mobilisation de moyens financiers colossaux, il est certain qu’il ne se pérennisera pas à la tête du pays et que la prochaine Constitution prévoira le poste de vice-président sur lequel lorgnent les trois Premiers ministres Ahmed Ouyahia, Abdelaziz Belkhadem et Abdelmalek Sellal, appelés à la rescousse pour en éliminer un autre, Ali Benflis, qui, lui, a choisi – avec Ahmed Benbitour – de passer de l’autre côté de la tranchée et de ne pas capituler.
M. Aït Amara