Djamel Zenati appelle à un vote massif contre le 4e mandat
L’ex-enfant terrible du Front des forces socialistes Djamel Zenati a appelé, aujourd'hui mardi, toutes les forces vives du pays à se rassembler, au-delà de leurs divergences, pour faire échec, par tous les moyens pacifiques, à l’élection pour un quatrième mandat du «candidat absent». «J’exhorte tous les amis à faire preuve de lucidité, de vigilance et éviter de tomber dans le piège de la dispersion et de la division. Ce serait une grande trahison si nous abandonnions les citoyennes et les citoyens seuls face à la répression et à la merci des aventuriers de tous bords», soutient Djamel Zenati qui s’adresse, dans le même temps, «aux patriotes au sein du sérail» qui, martèle-t-il, «doivent prendre la mesure exacte de la gravité du moment». Se déclarant prêt à se mettre autour de la table, y compris avec ceux qui appellent au boycott du scrutin, Zenati, qui était l’invité du Forum de Liberté, appelle pourtant à une participation massive à ce rendez-vous électoral afin de faire échec à la fraude. «La bataille électorale mérite d’être menée, y compris et, surtout, sur le front de la fraude. Une forte mobilisation va briser le mur de la peur et générer un effet dissuasif. Dans le pire des cas, elle mettra en évidence l’ampleur de la supercherie», soutient l’ancien cadre et ex-député du FFS. Pour lui, «ce serait une erreur stratégique que d’opposer partisans du boycott et partisans de la participation». S’il y a donc une chose à éviter en ce moment précis c’est, selon lui, la division. «Ces deux expressions partageant le même idéal : elles appartiennent à une même famille : celle du changement», insiste-t-il. A ce propos, Djamel Zenati a fait état de «grandes concertations, de contacts et de discussions» avec des partis et des personnalités politiques pour faire front commun pour imposer le changement. «Il n’a pas de formule magique. Il faut qu’on dialogue entre nous. Ce n’est pas facile de mettre les égoïsmes, les calculs tactiques de côté. Mais la gravité du moment va faire en sorte qu’on se départisse de tout ça», a-t-il indiqué, refusant cependant d’en dire plus sur ces contacts et les résultats enregistrés jusque-là. Zenati a, par ailleurs, tiré à boulets rouges contre les partis appelant au quatrième mandat qu’il accuse presque de trahison au pays. «Plaider pour un quatrième mandat, c’est se rendre complice de l’assassinat de l’Algérie. Faire barrage à cette option est un acte patriotique. Une lutte de libération nationale», martèle-t-il d’ailleurs. «Pas à pas et par petites touches, le clan présidentiel érige sa propre république, dans la république et contre la république. Ce phénomène inquiétant n’est pas sans rappeler l’Etat-colon», analyse l’ancien enfant terrible du FFS et du Printemps berbère. Refusant de s’étaler sur le bilan «désastreux» de Bouteflika et sur son état de santé, «tant ces questions ont, d’après lui, été largement abordées», Zenati qualifie la candidature de Bouteflika, «usé, diminué et totalement étranger aux réalités du pays», comme «un label» que les membres du «clan maffieux» utilisent pour «sauver leur petite république». Se lançant dans une analyse des changements qu’a connus le régime algérien ces dernières années, le conférencier a mis en évidence deux niveaux d’évolution de ce dernier. «Au sommet, explique-t-il, avec l’émergence d’un sous-système dans le système et en concurrence avec celui-ci. Et par le bas à travers l’apparition d’une contre-société faite d’un conglomérat de clientèles innervant l’ensemble du tissu social». Zenati n’arrive, par ailleurs, pas à comprendre le tir «groupé» orchestré contre le mouvement de contestation du quatrième mandat, Barakat. Interrogé, par ailleurs, sur la position de son ex-parti, le FFS, vis-à-vis de la présidentielle, l’invité de Liberté l’a qualifiée d’ «objet politique non identifié, OPNI». «Je sais que la position du FFS est une non-position. Raisonnablement, on ne peut considérer que l’élection présidentielle est un non-évènement. Ce n’est pas vrai», réplique-il, considérant que, justement, «l’une des missions d’un parti politique, c’est d’encadrer, de guider, d’éclairer, de structurer les citoyens». «Quand on renonce à cette mission, il y a problème», indique-t-il, retenant, malgré tout, le fait que le parti d’Aït Ahmed «laisse quand même entrevoir une volonté de contribuer activement à la construction d’une alternative démocratique».
A. Sadek