Selon un responsable de l’Habitat : l’urbanisme se fera avec la France
Le directeur général de la Ville, au sein du ministère de l’Habitat, Kamel Touati, a révélé aujourd’hui sur les ondes de la Chaîne III de la Radio algérienne un des résultats de la visite en Algérie du Premier ministre français, Jean-Marc Ayrault, en décembre dernier. Kamel Touati a annoncé, en effet, que suite à cette visite, il est envisagé de créer, par l’Algérie et la France, une agence de villes méditerranéennes qui va s’étendre ensuite aux pays du bassin méditerranéen. Le but, dit-il, «est d’avoir un même référentiel et travailler sur les mêmes normes pour mettre à niveau au même standard nos villes», c'est-à-dire les villes algériennes et françaises. «L’objectif, poursuit Kamel Touati, est d’avoir une approche similaire sur la question des villes». Ce projet concerne ce que le directeur général de la Ville appelle «le renouvellement urbain», à travers lequel tout le tissu urbain sera revu, mais aussi les villes nouvelles, dont les projets ont été lancés de longue date. En mettant aux mêmes «normes», c'est-à-dire pratiquement aux normes françaises, tout ce qui constitue la ville, il y a sans doute l'avantage de bénéficier des progrès réalisés en la matière en France, mais n’y a-t-il pas aussi risque d’offrir encore une fois de gros marchés aux fournisseurs français ? Tout le monde sait que la question des normes techniques, puisque c’est de celles-là qu’il s’agit, n’est pas neutre. Ceux qui les produisent agissent le plus souvent au service d’intérêts économiques et commerciaux, évidemment inavoués. L’agence de villes méditerranéennes, telle qu’elle a été présentée par le haut fonctionnaire du ministère de l’Habitat, de l’Urbanisme et de la Ville, va avoir un impact direct sur la vie de dizaines de millions d’Algériens, c'est-à-dire ceux qui vivent dans les agglomérations du littoral et même, par extension, sur les citadins de tout le pays. Le «recadrage» du dispositif juridique qui gère la ville algérienne, envisagé par les pouvoirs publics, devrait tenir compte du risque à la fois de perdre le cachet particulier à notre pays, au plan culturel essentiellement, et d’offrir les marchés de l’urbanisme à une seule catégorie de partenaires.
Kamel Moulfi