Des universitaires appellent à un sit-in contre un 4e mandat
Le front contre le quatrième mandat s’élargit. Après les manifestations des étudiants, c’est au tour des enseignants universitaires d’exprimer leur opposition au maintien du système actuel et leur appel à un changement pacifique. A travers une déclaration rendue publique aujourd’hui, ils appellent à un sit-in, demain jeudi, à 10h, à la fac de Bouzaréah «pour l’avenir du pays». Parmi les signataires de cet appel, il y a les sociologues Nacer Djabi et Fatma Oussedik, les politologues Rachid Tlemçani et Mohamed Hennad, des historiens à l’image de Mohamed El-Korso et d’autres enseignants chercheurs tels que Bourayou Abdelhamdi et Fenni Achour. Les initiateurs de ce sit-in estiment que l'Algérie connaît ces derniers mois une situation de danger telle qu'elle peut l'entraîner vers le drame d'une déstabilisation aux conséquences désastreuses, alors que la rengaine d'une prétendue stabilité nous est servie depuis quinze ans ! Ils affirment ainsi refuser de rester indifférents «au spectacle d'une scène politique marquée par la corruption, la violation des libertés, le viol de la Constitution, la négation de la volonté populaire, la dilapidation des richesses du pays et la transformation des institutions de l'Etat en comités de soutien pour le maintien de l'autocratie par la rapine qui ne profite qu'à une caste de nouveaux riches qui a émergé à la faveur de la soumission du pays et de ses richesses à l'ordre implacable du libéralisme triomphant». Ils considèrent que la volonté de maintenir un système finissant constitue un véritable danger pour l’avenir du pays. Ils expliquent qu’il ne s'agit ni d'un quatrième mandat et ni d'un cinquième voire d'un énième ni même d'un quelconque candidat. «Non, il s'agit de la nature du régime politique qui a gouverné l'Algérie depuis des décennies. Car depuis l'indépendance, la volonté populaire a été ignorée au profit de forces occultes qui ont accaparé le pouvoir avec l'aide d'un contrôle bureaucratique qui leur a permis, par la fraude, l'exploitation éhontée des élections et la marginalisation de toutes les forces vives de la nation», dénoncent-ils. Face à cette situation, ils disent refuser d’accepter que l'université puisse rester en marge des mouvements de la société. Ils invitent ainsi l’ensemble de la communauté universitaire algérienne à se mobiliser pour exprimer son refus de la perpétuation de ce système et pour l'instauration d'un Etat civil libre et démocratique respectueux de la volonté populaire. Ils réclament dans ce sillage le rétablissement des voies légales, justes et transparentes de l'exercice démocratique et souverain du droit de voter qui a été vidé de sa portée symbolique par le népotisme, le clientélisme et l'irruption de l'argent dans le champ social et politique.
Sonia Baker