La diva de la chanson kabyle Cherifa n’est plus
La diva de la chanson kabyle, Cherifa, de son vrai nom Ouardia Bouchemlal, est décédée à l’âge de 88 ans. Son état de santé s’était détérioré en mai dernier et avait nécessité son transfert à l’hôpital, à Alger. Cherifa était grabataire depuis plusieurs mois déjà. Elle a marqué la chanson kabyle grâce à un répertoire qui compte plusieurs centaines de titres et est aimée et respectée de toute une génération, parmi d’autres cantatrices, telles que Hanifa, morte en France dans des conditions pénibles, Djida, Djamila, Nouara, etc. Elle s’est consacrée à la chanson à une époque où l’art était perçu comme une «grave atteinte» aux bonnes mœurs. Mais sa voix forte, son courage qui lui a permis de braver les interdits et sa persévérance lui ont valu l’estime des Algériens. Cherifa était toujours accompagnée par un orchestre féminin, une particularité qui s’ajoutait au rythme original de ses chansons reconnaissables dès les premières notes. Avant d’abandonner le chant, en raison de l’âge et de la maladie, elle avait enregistré un duo avec le chanteur Koceïla, dans lequel elle a repris quelques-unes de ses chansons avec des arrangements modernes. Née le 9 janvier 1926 à Aït Halla, un village kabyle de Bordj Bou-Arreridj, près de Beni Ourtilane, Cherifa a été très tôt orpheline de père. Elle a quitté son village à l’âge de 18 ans pour s’installer à Akbou, dans la wilaya de Béjaïa, mais elle n’y demeure pas longtemps. Elle se rend à Alger et, en cours de route, elle compose la fameuse chanson Evqa âla khir a y’Akvou (Adieu Akbou). Dans les années quarante, elle est admise à la radio où elle s'impose rapidement comme la maîtresse du chant kabyle et enregistre de nombreuses chansons qu’elle compose elle-même ou qu’elle puise dans le patrimoine. Ces achewwiq (préludes a capella) à donner la chair de poule continueront de résonner dans les oreilles de millions d’Algériens après son départ. Adieu Lalla Cherifa et respects !
Lina S.