Les Touareg évoquent une «collusion» entre les autorités locales et les contrebandiers
Afin d’appuyer une missive envoyée aux hautes autorités du pays et dans laquelle ils dénoncent l’exclusion et la marginalisation dont est victime la communauté targuie, les notables de la région de Tamanrasset viennent d’annoncer l’organisation d’un rassemblement de protestation le 22 mars prochain devant le siège de la wilaya en question. La correspondance adressée par les chefs touareg sonne comme une réplique cinglante à un prétendu appel de «notables touareg» à un soutien pour un quatrième mandat du président candidat Bouteflika et constitue, par ailleurs, une première. Pas seulement au vu du nouveau procédé de communication, avec les autorités, mais aussi, et surtout, du fait de la virulence du ton employé cette fois-ci. Les notables de l’Ahaggar, qui estiment que leur communauté est lésée sur tous les plans, politique, économique, social et culturel, réclament désormais plus de considération dans leur lettre adressée au Premier ministre. Et si le constat dressé par les protestataires quant à la situation économique et sociale de cette région du pays paraît alarmant à plus d’un titre, les notables touareg ne s’arrêtent pas là. Ils dénoncent, en effet, une «collusion» entre les autorités locales et les milieux de la contrebande qui semblent, d’après eux, partager des intérêts. «Ce sont ces gens-là (les contrebandiers, ndlr) auxquels nos autorités font appel lors des visites officielles qui osent malheureusement parler au nom de la communauté targuie et des Peuls de la région», dénoncent les notables de Tamanrasset qui soulignent que «l’histoire retiendra que ce sont ces mêmes personnes qui ont, dans un passé récent, contribué à l’aggravation de la crise sécuritaire dans les pays voisins». «Le développement de Tamanrasset est bloqué par les politiques des lobbies tapis au sein de l’exécutif et de la mafia du foncier», constatent les notables touareg qui estiment que les mesures prises par le gouvernement dans le cadre de la subvention des produits de première nécessité, par exemple, ne profitent qu’à ces barons de la contrebande. Les protestataires rappellent, par ailleurs, qu’ils avaient déjà saisi le président Bouteflika il y a de cela exactement une année, en vain. Dans cette missive, ils réclamaient, notamment, une meilleure prise en charge de leur région sur le plan du développement, tout en revendiquant l’octroi de quotas d’emplois au niveau des postes de responsabilité, au niveau de la wilaya, mais aussi au niveau des départements ministériels, des organismes étatiques et des institutions. La revendication identitaire n’est pas en reste dans ce mouvement touareg inédit. «Nous voulons que la langue amazighe soit instituée et enseignée à Tamanrasset, avec pour option les caractères tifinagh et que les enseignes des établissements et institutions publics soient également transcrites en tamasheq, à l’instar de ce qui se fait dans d’autres wilayas du pays.»
A. Sadek