Rachat de Fagor : la justice espagnole fait monter les enchères
Alors qu’un accord avait été donné à Cevital par Fagor Ireland, une filiale de la maison mère espagnole, pour le rachat des marques FagorBrandt, la justice espagnole vient de remettre en cause la transaction. Le tribunal de commerce de Saint-Sébastien, au pays basque, a estimé insuffisante la somme de 25 millions d’euros proposée par l’industriel algérien et exigé 10 millions de plus. Un montant de 35 millions d’euros à payer comptant ou associé à des «garanties suffisantes», si le paiement est effectué en plusieurs fois, selon un calendrier publié par le tribunal. Une décision qui pourrait faire échouer l’option de reprise des usines françaises menacées de liquidation, Cevital ayant conditionné cette option par le rachat des marques espagnoles. Selon un arrêt daté du 14 mars 2014 du tribunal de commerce n°1 de Saint-Sébastien, cité par la presse espagnole, la justice a informé l’autorité boursière espagnole (CNMV) du rejet «dans les termes présentés», de la demande d’autorisation pour séparer les actifs de la filiale Fagor Ireland Limited, qui détient les marques Vedette, Sauter, De Dietrich et EasyCook. La surenchère inattendue du gouvernement espagnol qui a introduit le recours en justice aux dépens de l’algérien Cevital, ne fait pas l’unanimité des politiques en Espagne. La ministre basque du Développement économique et de la Compétitivité, Arantza Tapia, citée par les médias espagnols, a déclaré que l’on «tirait trop sur la corde». Lors d’une conférence de presse, la ministre a estimé «regrettable» la décision de justice et exprimé sa crainte de voir l’Espagne perdre l’opportunité de vendre les marques de l’entreprise d’électroménager menacée de liquidation, au cas où Cevital refusait de payer la somme exigée. «Nous devons être conscients qu'il y a une offre unique», a souligné Arantza Tapia. Il reste à savoir quelle sera l’attitude d’Issad Rebrab, qui s’est engagé dans un véritable imbroglio juridique en France et en Espagne pour la reprise de sites de production en faillite. Une offre qui comprend la reprise de 1 200 sur 1 800 salariés français, outre la création de 300 emplois en Espagne et de 300 autres en Pologne. Si l’homme d’affaires algérien refuse d’accéder aux exigences espagnoles, il pourrait aussi renoncer au rachat des sites français.
Meriem Sassi