Sellal au théâtre
Par M. Aït Amara – Le meeting animé par Abdelmalek Sellal donne un avant-goût de ce que va être la campagne électorale de Bouteflika. Peinant à trouver ses mots, parlant tantôt à la troisième personne du singulier (il), tantôt à la première personne du pluriel (nous), l’ex-Premier ministre a eu du mal à jongler entre soi et le personnage de Bouteflika qu’il est censé incarner dans cette mise en scène grotesque en tant qu’acteur de complément, se contrefaisant sans cesse, revêtant l’âme du Président qu’il n’est pas, paraissant différent de ce qu’il est, s’inspirant des caractéristiques de son personnage pour les besoins du jeu, disant autre chose que ce qu’il pense comme s’il y pensait réellement, oubliant jusqu’à sa propre personnalité à force d’incarner celle de celui dont il prend la place le temps d’une louange. Trahi par la langue qu’il ne maîtrise pas, souffrant d’un manque flagrant de charisme, la doublure du Président ressemblait, hier, sous la coupole qui porte le nom d’un grand homme d’Etat, Mohamed Boudiaf, à un de ces êtres créés par un auteur dramatique, dans une fiction où les récipiendaires sont invités à adhérer aux histoires imaginaires d’un Sellal défiant quiconque lui citerait un pays dans le monde qui aurait construit autant d’universités que l’Algérie. Le film passe, alors, du burlesque à la science-fiction, où le prête-voix propose une vision utopique de l’Algérie de demain qui se ferait grâce à l’élection d’un candidat au crépuscule de sa vie. Les partisans de Bouteflika construisent leur discours sur l’intrusion d’une autre réalité dans la réalité qu’ils ne désespèrent pas de nous faire accepter en nous présentant un avenir extrêmement sanglant sans lui. Abdelmalek Sellal et sa compagnie théâtrale sont visiblement friands de scènes gore, mais ils ignorent qu’un film d’horreur n’est jamais qu’une œuvre fantastique ratée.
M. A.-A.
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