Déclaration du groupe de citoyens pour une Algérie émergente
L'Algérie s'apprête à vivre, encore une fois, une élection présidentielle soigneusement chorégraphiée et largement contrôlée par les tenants du pouvoir qui continuent à considérer l’Algérie comme leur propriété et vouloir faire de la prochaine élection tout et à tout prix, sauf celui de la considérer comme un mécanisme pour choisir. Les clans du pouvoir s’entendent toujours afin de garder le privilège de partage de la rente, maintenir leur suprématie en instaurant la loi de la jungle et généralisant la corruption, barrer la route à toute organisation qui n’est pas sous leur ordre, briser son élan et enfin la dévoyer et la récupérer. Ces prédateurs de la République, qui se cachent derrière les sigles du FLN, RND, UGTA et consorts, n’ont aucune considération pour le peuple et c’est à travers des cartes souterraines qu’ils regardent l’Algérie. Tel est le spectre désolant qu’offre le pouvoir au peuple depuis 51 ans d’indépendance pour demander encore au peuple de choisir le 17 avril prochain entre «se couper un bras ou se couper une jambe» !
Les tenants du pouvoir montrent au peuple un triste et sombre aperçu sur l’avenir de leur pays en dérive parce que :
– le pouvoir est inapte à résoudre les épineux problèmes de notre pays qui sont multiples et complexes, et encore moins à le préparer efficacement aux défis de l’avenir qui sont encore plus ardus et plus graves ;
– le régime n'a ni la volonté ni la compétence pour impulser une démarche d'ouverture sur la population. Bien au contraire, les tenants du système accentuent les pressions sociales sur la population ;
– le pouvoir, par sa nature, ne peut pas répondre à la soif d’intégrité, de liberté, de démocratie et de justice sociale pour laquelle le peuple algérien a sacrifié des centaines de milliers de ses enfants ;
– l’état d’urgence a été maintenu et ses dispositions les plus restrictives ont été renforcées, à seule fin d’interdire les manifestations et réunions publiques. La vie politique a été réduite à néant, la démocratie et l’alternance ne font pas partie du lexique de l’Algérie de M. Bouteflika, et les syndicats libres ne sont pas reconnus, et leurs dirigeants font l’objet de mesures coercitives scandaleuses ;
– malgré une aisance financière sans précédent et mis à part les décideurs et leurs relais maffieux qui se partagent les richesses nationales, les Algériens continuent de subir les politiques antisociales qui les enfoncent de jour en jour dans la misère, la précarité, le chômage et le désespoir ;
– au moment où la situation se dégrade dangereusement dans tous les domaines, les différents cercles du pouvoir s'affairent à partager la rente et à négocier les successions et les alternances internes au sérail ;
– des milliers de jeunes et moins jeunes Algériens (les harraga), poussés par le désespoir, tentent, au péril de leur vie, de traverser la Méditerranée à bord d’embarcations de fortune pour rompre avec un pays qui ne leur offre plus aucune perspective ;
– l’Algérie est classée par Transparency international parmi les pays les plus corrompus de la planète, loin devant les pays voisins du Maghreb, l’Algérie affiche aussi les plus mauvais résultats en matière de développement humain et de liberté d’expression.
Tel est l’aperçu du bilan des tenants du pouvoir qui ne peut être interprété autrement que comme une volonté planifiée de ruiner le pays.
Convaincu que seule une mobilisation de toutes les forces démocratiques et autonomes autour d'un contrat pour l’alternative démocratique et sociale est capable de rendre espoir à la population, le groupe de citoyens pour une Algérie émergente considère qu'il est du devoir de toutes les forces éprises de paix et de démocratie d'agir pour que l'impasse du régime ne soit plus une impasse pour le pays.
Les voix qui revendiquent le changement de ce régime, qui sont soucieuses qu’il advienne dans un climat de paix et de libre débat, sont très nombreuses. Les signes qui alertent sur le caractère impératif d’un tel changement sont visibles depuis des années. Ils se sont encore accumulés ces derniers jours d’une manière telle qu’il est impossible de les ignorer ou de reporter la réponse.
De ce qui précède, il apparaît que la question centrale, qui exige un effort national global et organisé, est celle de la mise en place d’un régime réellement démocratique, capable de résoudre les problèmes du pays et de le préparer à relever les défis de l’avenir. Un régime démocratique qui libère les larges catégories sociales du cercle de l’exclusion et de la marginalisation pour les faire entrer dans une citoyenneté responsable et active. Il en découle également que le changement ne viendra pas d’une décision du sommet, isolée du mouvement de la société et de ses interactions. Il est, au contraire, nécessaire de faire mûrir le processus de changement et de le consolider par les initiatives multiples provenant, en toute liberté, des différentes catégories de la société.
A ce propos, nous appelons l'ensemble des citoyens, les acteurs sociaux autonomes, les personnalités politiques crédibles, les universitaires et les associations indépendantes, les femmes et les jeunes de se joindre au mouvement Barakat et à faire de cette période électorale des moments d'actions pacifiques en faveur de la démocratie. Barakat à la politique de la force et oui à la force de la politique.
Nous appelons également l’ensemble des citoyens, où que vous soyez, dans un restaurant, dans la voiture, dans la rue, à la maison ou autre, le samedi 22 mars à midi pile (12h), à crier notre douleur tous en même moment : Barakat, Barakat, Barakat !
Pour une Algérie livre, démocratique, moderne, exigeante, équitable, inclusive, juste, ouverte, citoyenne, critique, créative, consciente, compétente et fière.
Le groupe de citoyens pour une Algérie émergente