Le Comité de citoyens des Aurès exige le départ de Sellal

La boutade de Abdelmalek Sellal sur les Chaouis a eu l’effet d’un séisme à l’est du pays et continue de susciter des réactions en chaîne. Après les étudiants qui ont exprimé leur colère hier dans un sit-in, c’est au tour du Comité citoyen des Aurès de protester. Dans une déclaration publique, ce comité a énergiquement dénoncé «avec ferveur» ce qu’il qualifie de «ségrégation» du peuple. Il considère «indigne» qu’un haut responsable comme Abdelmalek Sellal, le désormais directeur de campagne de Abdelaziz Bouteflika, tienne des propos insultants à l’égard de toute une région qui représente presque un tiers du peuple algérien. Très actif dans l’est du pays, le comité estime que la bourde de Sellal est de nature à semer «la division de rangs socio-ethniques» telle que pratiquée du temps de la France colonialiste. Il regrette dans ce sillage qu’«on continue à faire le détonateur par le suivisme, servilisme et l’opportunisme politique dont un responsable de haut niveau étatique et diplomatique a déclenché par la déflagration de ses dires déplacés et déshonorables à la dignité nationale et l’identité d’un tiers du peuple algérien». La charge est si forte qu’elle ne passera pas inaperçue. Le comité ira encore plus loin, en qualifiant Sellal d’«incompétent dans ses tâches» et de «perturbé par sa gestion de soi». Son humour met à nu «son déficit envers les qualificatifs nécessaires à la bonne gestion d’un Etat». «Sans doute, ses propos télévisés insultent et portent atteinte à l’union nationale et l’histoire honorable de notre patrie ; séparatiste par ses dires, il peut entraîner par ce genre de locutions la désintégration de la texture sociale et la politique nationale qui s’y prête par ses faiblesses historiques», met en garde cette organisation représentative des habitants des Aurès. Le comité juge ainsi Sellal «irresponsable par ses locutions». Il relève qu’à ce niveau de responsabilité, on n’est pas censé ignorer «le fond ancestral que Cirta était la capitale des Numides et signifiant pasteurs d’où l’appellation Chaouia (l’histoire et l’archéologie font preuve)». Le comité estime qu’une telle dérive verbale ne doit pas être pardonnée. «Nous dénonçons ainsi avec vigueur et consternation cet acte incendiaire et ce, au nom de tous les Chaouias qui s’étendent sur l’ancienne Numidie (tout l’est du pays), et nous exigeons par ardeur qu’il soit relevé de ses fonctions.» Et à défaut, le Comité dégage toute responsabilité de «toute opération de réussite de l’élection présidentielle». Il n’a pas omis de rappeler à l’ex-Premier ministre que «la politique est l’art de savoir faire envers les administrés et non pas la bassesse de faire soumettre la société à la dépendance du pouvoir, qui engendre les cassures et les ruptures dans l’état et contre la stabilité des fonds et des fondements d’appui». Il insiste également sur le fait que «la liberté de l’individu et du responsable se limite par le contexte de moralité et de l’éthique nécessaire à la gestion et la continuité de l’Etat».
Sonia Baker
 

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