L’Etat censure Al-Atlas opposée à Bouteflika et autorise Al-Adjwaa créée avec de l’argent détourné

Le hasard alphabétique a voulu que les deux chaînes de télévision privées Al-Adjwaa et Al-Atlas soient placées l’une au-dessous de l’autre sur le satellite Nilesat. Mais la volonté politique en a voulu autrement. Si le clan présidentiel s’est empressé d’actionner la justice et les forces de sécurité pour «tuer» la seconde, parce qu’elle gênait le candidat Bouteflika dont elle avait fait «une cible à abattre», sa rivale, Al-Adjwaa jouit, par contre, des largesses et de la magnanimité de l’Etat sans l’argent duquel elle n’aurait pas pu voir le jour. Faut-il rappeler comment cette chaîne a été créée ? Algeriepatriotique avait révélé, il y de cela près d’une année, les sommes colossales détournées par certains «éditeurs» véreux, grâce à la «tolérance» – appelons-la ainsi – d’un officier supérieur du DRS, le colonel Fawzi, mis à la retraite depuis la divulgation de ce scandale par notre site. Cette décision avait suscité l’espoir que la justice fût saisie pour sanctionner les auteurs de ces détournements de centaines de milliards de recettes publicitaires étatiques au profit d’une caste mafieuse, mais ce n’était qu’un vœu pieux. Nous faisions état, à l’époque, de près de 200 milliards empochés par le journal appartenant à un membre influent du RND et soutenu par plusieurs autres militants de cette formation. C’est ainsi que nous avons appris, lors du lancement de la chaîne de télévision privée avec l’argent de l’Anep, que des militants du RND, que présidait Ahmed Ouyahia, s’étaient chargés du recrutement des journalistes et des techniciens pour le compte d’Al-Adjwaa TV. Algeriepatriotique avait également révélé que cette chaîne avait bénéficié – et elle continue – de la complaisance de la wilaya d’Alger qui, sous l’ancien wali, Mohamed Kebir Addou, a réservé un espace public, en toute illégalité, exclusivement à cette chaîne de télévision pour le stationnement de ses véhicules. Les riverains ont d’ailleurs dénoncé ce passe-droit et saisi la justice. La chaîne de télévision Al-Adjwaa sert de caisse de résonnance à la campagne présidentielle d’Abdelaziz Bouteflika. Elle a été financée avec l’argent public et continue d’émettre malgré le pillage de dizaines de milliards sous la forme d’espaces publicitaires «achetés» par l’Agence nationale d’édition et de publicité, au prix fort de 500 000 DA la page – la moyenne étant de 200 000 DA dans les autres quotidiens – dans un journal qui tire à peine 2 000 exemplaires et qui se contente d’en récupérer 200 à l’imprimerie, destinés à prouver que la publicité a bel et bien paru. Le nouveau directeur de cabinet du président de la République, Ahmed Ouyahia, réparera-t-il cette injustice qui consiste à censurer une chaîne de télévision créée avec des fonds privés pour s’être opposée au clan présidentiel et à autoriser une autre chaîne à émettre bien qu’elle soit la conséquence d’un vol caractérisé de l’argent des contribuables pour peu qu’elle brosse dans le sens du poil ? Si Ouyahia ne corrige pas le tir, cela équivaudrait à dire que tout ce qu’il a déclaré sur deux autres chaînes de télévision privées, tout aussi acquises au quatrième mandat, ne serait que de la poudre aux yeux.
M. Aït Amara
 

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