Manque de courage
Par Kamel Moulfi – Que serait-il passé si, en guise de consigne de vote pour l’élection présidentielle du 17 avril, le Forum des chefs d’entreprises avait lancé aux patrons qui le composent, «débrouillez-vous !» ? Comme l’a fait, pour ses adhérents, l’Organisation nationale des moudjahidine qui a osé, dans son premier appel, déserter le chantier de construction du consensus autour de la candidature à un quatrième mandat de Bouteflika. Les dirigeants du FCE ont bien tenté de faire reculer l’heure de vérité, peut-être dans l’espoir que les données du problème posé par la maladie du Président changeraient subitement, les libérant de l’argument majeur brandi par les patrons opposés au quatrième mandat. Mais, au contraire, l’épisode de la présentation de son dossier de candidature par Bouteflika lui-même, devant le Conseil constitutionnel, a plaidé dans le sens contraire. L’insistance de Sellal à expliquer que le président-candidat n’était pas obligé de participer à sa propre campagne électorale a été un autre facteur qui aurait dû peser au moins pour la neutralité chez le FCE. La réapparition d’Ahmed Ouyahia à un poste clé de l’Etat a achevé l’espoir de rallier au vote pro-Bouteflika, un nombre suffisant de membres de cette organisation. On sait que l’ancien chef du gouvernement, nommé directeur de cabinet à la Présidence, a très peu d’atomes crochus avec le patronat. Le FCE n’a pas eu le courage, prisonnier de ses habitudes et de sa proximité avec le pouvoir, de prendre une position indépendante qui aurait mieux traduit l’opinion des chefs d’entreprise. Il sort amoindri de cette épreuve. On le verra demain à l’occasion de la rencontre avec Abdelmalek Sellal, directeur de campagne de Bouteflika. A ce propos, rien n’interdit à Ali Benflis ni à un autre candidat de faire la même chose. La comparaison entre les rencontres des candidats ou de leurs représentants avec le FCE pourrait même avoir valeur de test pour l’organisation patronale.
K. M.
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