Ghardaïa : les notables exigent des «mesures durables»

Ghardaïa vit toujours sous tension après les tragiques événements qui ont secoué certaines localités de la ville et provoqué la mort de trois personnes, en plus de plusieurs dizaines de blessés et d’importants dégâts matériels. Les habitants peinent encore à croire à un retour au calme définitif après cette nouvelle vague de violence qui a endeuillé plusieurs familles malgré le lourd dispositif de sécurité déployé par les autorités depuis les heurts ayant éclaté il y a quelques mois. Les notables de la localité de Melika ont rendu public un communiqué dans lequel ils estiment que les événements que connaît Ghardaïa ont pris désormais un cours dangereux faisant peser sur la ville une lourde menace «d’effondrement» au cas où les autorités ne reprennent pas les choses en main et n’agissent pas promptement afin de restaurer la sécurité et étudier les vraies causes du conflit «avant qu’il ne soit trop tard». Les notables se disent affligés de voir encore des personnes assassinées par «des individus non identifiés» et des quartiers encore sous l’emprise de violences alors que les services de sécurité ont été déployés dans la ville. Selon eux, concernant les derniers événements qui ont embrasé certains quartiers, la situation n’aurait pas dégénéré si les forces de sécurité n’avaient pas été retirées des quartiers qui ont refusé une protection. «Dès que les forces de sécurité se sont retirées de certains quartiers, alors que la sécurité ne s’était pas améliorée, les attaques ont repris et ont conduit à l’incendie de 25 maisons et d’une centaine de locaux commerciaux, engendrant un climat de terreur et la fuite d’une trentaine de familles.» Face à l’ampleur des événements et la gravité de la situation dans cette wilaya du sud du pays, le Premier ministre par intérim, Youcef Yousfi, s'est déplacé samedi tard dans la soirée à Ghardaïa, en compagnie du ministre de l'Intérieur, Tayeb Belaïz, du commandant de la Gendarmerie nationale, le général-major Ahmed Bousteila, et du représentant du directeur général de la Sûreté nationale, pour s'enquérir de la situation et prendre des mesures appropriées. En réponse à la colère de la population, il a promis «l'ouverture d'une enquête immédiate pour déterminer les responsabilités, et l'application de la loi ainsi que la poursuite des actions de développement, aussitôt l'ordre rétabli ». Yousfi avait été accueilli hier par une imposante marche de la population de différents quartiers de Ghardaïa pour «dénoncer les crimes perpétrés». Les marcheurs ont convergé devant le siège de la wilaya, où ils ont observé un sit-in, en scandant des slogans appelant à la justice et à «l'application de la loi à l'encontre des criminels à l'origine des troubles qui secouent la ville». Des représentants de ces manifestants ont été reçus par Youcef Yousfi, qui a écouté leurs doléances,leur assurant, selon un compte rendu de l’APS, que l'Etat «contribuera à la réhabilitation des biens endommagés lors de ces événements et à atténuer ainsi la souffrance des citoyens touchés». «Des membres du gouvernement, concernés par les différents secteurs de développement, seront amenés à se déplacer sur le terrain à partir de la semaine prochaine pour déterminer les actions à entreprendre en priorité à en matière de développement durable de la région», a-t-il souligné.
Meriem Sassi