MCA : «L’Algérie est livrée à la stratégie de la terre brûlée»
Si Abdelmalek Sellal, l’ex-Premier ministre et directeur de campagne du président-candidat Abdelaziz Bouteflika, ne cesse de multiplier, ces trois derniers jours, les excuses pour les graves propos qu’il avait tenus à l’égard des populations chaouies, visiblement rien n’arrive à calmer les esprits dans la région des Aurès. Après les différentes déclarations d’indignation de pans entiers de la société et les marches et sit-in organisés dans plusieurs villes des Aurès, c’est autour du Mouvement culturel amazigh (MCA) des Aurès de monter au créneau pour dénoncer la légèreté des interventions d’un Sellal apparemment prédestiné à devenir un personnage incontournable des réseaux sociaux. Mais au-delà des sorties tonitruantes de l’ex-Premier ministre, c’est toute la politique «bouteflikienne» du régime en place et tous les maux politiques, économiques, sociaux et culturels qu’il a charriés que le MCA descend au vitriol. «Après la négation de l’histoire et de l’identité millénaires de la nation amazighe ; après la langue unique, la culture unique, le parti unique, la pensée unique ; après la spoliation et la contrefaçon de l’épopée de la libération nationale ; après l’absolution du crime terroriste ; après le musellement des libertés ; après la dilapidation des richesses naturelles ; après l’aliénation de la décision nationale souveraine, voici venu le temps où la soif du pouvoir veut livrer la patrie meurtrie à la stratégie de la terre brûlée», dénonce le MCA dans une déclaration rendue publique et signée de son président, Rachid Belkhiri. Le Mouvement ne lésine pas sur les mots pour condamner avec la plus grande vigueur la gestion des évènements qui secouent le pays et la politique de l’autruche adoptée par les tenants du pouvoir en place. «L’Algérie est dans la tourmente ! Le régime des coups d’Etat permanents veut la coucher dans le lit de l’indignité et du reniement national», peste le MCA qui égrène un long chapelet de crimes et autres inconséquences d’un régime aux abois qui a fait tant de mal à l’Algérie et aux Algériens depuis l’accession de Bouteflika aux destinées du pays. «De la Kabylie ensanglantée en 2001 à Taghardaït, abandonnée au crime en 2014 ; de l’anéantissement de la classe politique par la division et la corruption à l’étranglement de la liberté associative ; de la calomnie des jeunes chômeurs du Sud accusés de sécessionnisme à la démocratisation de la corruption impunie ; de la tribalisation des institutions de la République aux semailles du désespoir chez la jeunesse et les citoyens ; de la privatisation de l’Etat à la culture et à l’entretien de la discorde nationale parmi les enfants de la même patrie, le régime de l’échec répété aura cumulé crimes et forfaitures contre la nation», relève encore le MCA. «A croire, poursuit-il, que l’objectif est de désintégrer ce que le sang des chouhadas a soudé à jamais !» Toutefois, le Mouvement culturel amazigh des Aurès ne perd pas de vue que le combat contre le régime en place est celui de tous les Algériens, quels qu’ils soient. «Mais des Aurès à Ghardaïa, de la Kabylie à l’Oranie, de Tamanrasset à Annaba, aucun citoyen n’est dupe, en dehors des clientèles de la chitta et de la rente», tient-il à préciser car, estime-t-il, «le dessein est de semer la fitna, faire chanter et terroriser les consciences pour mieux faire diversion sur la spoliation des citoyens de leur droit à choisir librement leur régime politique et leurs dirigeants». Tout en martelant résolument son «algérianité», le MCA assure que, «comme leurs concitoyens de toutes les régions du pays, les Chaouis ne sont pas dupes des manœuvres d’un régime agonisant». «Tout comme leurs aînés avaient tiré le premier coup de feu le 1er novembre 1954, ils seront toujours les premiers à défendre l’intégrité d’un pays si riche de sa diversité et de sa fraternité, sans prêter attention aux guignols du dernier quart d’heure», affirme-t-il. «La citoyenneté triomphera du tribalisme et du régionalisme», conclut le MCA.
A. Sadek