Aminatou Haidar plus estimée que l’épouse du roi Mohammed VI
Un sondage américain lancé via une station de radio pour élire la femme arabe la plus populaire a embarrassé les autorités marocaines. Celles-ci ont très vite réagi pour instrumentaliser les médias et mobiliser les internautes pro-Makhzen afin de «laver l’affront» et renverser la vapeur en faveur de la femme du roi Mohammed VI, qui était largement devancée dans les sondages recueillis par la militante sahraouie Aminatou Haidar. Radio Sawa avait mis en ligne à l’occasion du 8 Mars, Journée internationale de la femme, une sorte de concours virtuel sur la base d’une liste de dix personnalités féminines arabes présélectionnées, parmi lesquelles les internautes devaient choisir la femme qui les inspirait le plus de par ses actions et son parcours. Aminatou Haidar fut alors, dès le lancement de la compétition, propulsée par les votants en tête du classement, devançant largement, selon ce que rapporte le site d’information marocain Demain online, la princesse marocaine par le nombre de votes en faveur de la très courageuse militante sahraouie. Un fait presque anodin qui aurait pu passer inaperçu, mais qui a pourtant crée une panique générale au sein du Makhzen et «un considérable malaise au pays, jusqu’aux hautes sphères du royaume chérifien», rapporte le journal marocain d’opposition, qui écrit que «ce résultat provisoire a bien-sûr déplu aux plus hautes autorités du Makhzen, qui n’ont pas lésiné sur les moyens pour renverser la situation. Elles sont allées jusqu’à mobiliser un bataillon d’internautes pro-Makhzen pour renverser ce classement à travers des médias qui ont, bien-sûr, dénoncé avec force ce sondage qui, à leurs, yeux s’est permis de mesurer une princesse chérifienne avec une simple militante sahraouie». Le site d’information fait observer que bien avant le début du vote, le simple fait que l’épouse du roi Mohammed VI soit placée côte-à-côte avec la militante sahraouie Aminatou Haidar pour concourir à ce «prestigieux» titre, «a mis les autorités du Makhzen dans tous leurs états et a suscité un grand émoi chez les fans de Salma et de Mohammed VI». La «mobilisation» du Makhzen et de ses serviteurs a fini par «payer», permettant à la princesse – dont le statut de «ch’rifa» (noble) ne pouvait être mis à mal par une concurrence d’Aminatou Haider –, de ravir la première place, laissant la seconde à la militante sahraouie qui, elle, a certainement fort à faire pour arracher les droits de son peuple opprimé et ne se soucie guère d’un sondage insignifiant mais qui préoccupe les autorités marocaines au plus haut point.
Meriem Sassi