Radiation à vie pour Sellal et consorts
Veut-on nous faire prendre des vessies pour des lanternes et nous faire croire qu'à l'origine, la «blague» de Sellal concernant nos frères les Chaouis était destinée à un usage privé, comme vient de l'annoncer avec sa fausse candeur à trois sous troués Anis Rahmani, le ci-devant préposé à la direction d'Ennahar TV ? Au départ, on aurait cru à un montage grossier dont on ne cesse de nous abreuver depuis l'AVC présidentiel du 27 avril 2013. Puis, très vite, on se rend à la raison, grâce à ce sacré Youcef Yousfi, dont on supputait qu'il était chargé de remplacer Sellal à la tête du gouvernement, appelé en toute urgence au chevet de Ghardaïa la coquette qui peine à renouer avec la sérénité… Mais il a fallu vite déchanter lorsqu'on s'aperçut que l'avion de Yousfi avait fait de la résistance. Têtu comme un Chaoui, après avoir quitté Ghardaïa dans la précipitation, l'avion a refusé de rentrer au bercail. Faisant fi des rappels à l'ordre de l'aviation civile et de la tour de contrôle, l'avion s'est mis à dériver vers la droite, en direction de Batna. Le pauvre Yousfi, en intérimaire patenté, a beau expliquer au pilote qu'il avait des obligations familiales d'une grande urgence à Alger, rien n'y fit. L'avion finira par atterrir à Batna où personne ne l'attendait. Pris au dépourvu, l'intérimaire chef de gouvernement aura toutes les peines du monde à se trouver un seul motif sérieux à son voyage que personne n'attendait. En effet, après l'insulte «en privé» de Sellal, les fonctionnaires avaient déserté les administrations. Même Chérif Abbès, le ministre des Moudjahidine, des pensions et des licences, en bon fils de la région, s'était trouvé quelque accent de nostalgie pour justifier un déplacement inopiné. On l'aurait à peine aperçu au niveau de la maison de la culture. Venu sans prévenir et sans ordre du jour précis, il aura, lui aussi, surpris son monde. De son côté, l'intérimaire de Sellal parviendra à se convaincre qu'il était venu étancher la soif des populations locales. Une sécheresse qu'il est bien le seul à avoir observée, d'autant que les neiges qui couvrent le mont Chélia continuent de fondre, alimentant de leur eau limpide les nombreux oueds de la région. Bizarre tout de même cette soif soudaine qui aura obligé Yousfi à débarquer en catastrophe à Batna. En tous cas, si soif il y a, ce n'est certainement avec l'eau du Beni Haroun que Yousfi parviendra à l'étancher. Car les Chaouis, comme la grande majorité des Algériens, ont soif de justice, de liberté, de considération et non d'orgueil ou de fierté. Ni les milliards de mètres cubes du Beni Haroun, ni les justificatifs aussi vains que maladroits de Yousfi et d'Anis Rahmani ne parviendront à dissiper les gros nuages qui couvent au-dessus des cimes des Aurès. Ici, plus que nulle part ailleurs, le sens de l'honneur se paye toujours au comptant. Et ce ne sont pas les faux-fuyants ni les reculades du clan qui laveront l'affront fait aux Chaouis et à l'ensemble du peuple algérien. Pendant 52 ans d'indépendance, nous avons ravalé nos rancœurs, séché nos larmes, pansé nos blessures, trompé notre faim, ingurgité vos balivernes et accepté de taire vos incohérences, vos incompétences et vos manquements, mais il est dit que l'insulte ne passera pas. Dire que nous étions prêts à passer l'éponge sur vos sarcasmes, vos frasques et vos rapines, juste pour ne pas voir ce pays se déliter. Non la république des janissaires ne sera pas ! Et pour que la république de Novembre naisse au printemps, il faudra bien leur donner une dernière leçon à ces rois insolents et grabataires, violeurs de la Constitution et dilapidateurs insatiables de nos ressources. Oui, il nous faut à jamais mettre un terme à cet outrage en allant tous mettre un bulletin de vote le 17 avril. Un bulletin de couleur rouge, comme le sang de nos martyrs d'hier et de toujours, pour leur signifier la fin de partie.
Aziz Mouats