Un citoyen s’adresse à Liamine Zeroual : «Monsieur le Président, mettez-vous du côté du peuple !»
J’attendais avec beaucoup d’impatience votre déclaration, M. le président Zeroual, tout en étant plein d’espoir et heureux qu’une telle figure, des années après votre retrait, se prononce dans un moment difficile de notre nation. M. le Président, j’ai lu très tôt hier matin votre déclaration, très attentivement, pour finalement en être déçu ! Avec tout le respect que j’avais, et que j’ai encore pour vous, car de par votre passé, vous faites partie des fondateurs de l’Algérie indépendante, et cela est inscrit pour toujours dans l’Histoire. Vous avez aussi le mérite d’être resté propre, jamais versé dans la corruption avant et après vos missions. Vous faites partie, pour moi, de ceux et celles qui font la fierté des Algériennes et des Algériens.
Mais je vous comprends !
Car vous avez hérité du système au pouvoir en Algérie la culture politique qui consiste à ne jamais s’opposer, ne serais-je que par déclaration orale ou écrite au système. Culture politique acquise très tôt pendant la Guerre d’indépendance, et pour être plus précis, peut-être depuis 1958, lorsque dans une réunion, Abane Ramdane a été assassiné par certains sous le regard d’autres. Le silence fut la règle, encore en cours, même si elle est complètement aberrante !
Aussi, la conduite politique de ce système, qui arrive à son érosion totale et complète, est le consensus. Mais quel consensus ? Avec la vérité ? Non ! Avec le clan à la tête du système. Ou on est d’accord avec le clan ou on s’écarte de soi-même, ou on est écarté, emprisonné, exilé, torturé, éliminé ! Ou alors on s’écarte volontairement des cercles du pouvoir ! Et alors on garde le silence ! Cela a été la règle depuis 1958, au cours de luttes des clans pour prendre le trône d’Alger à l’indépendance, y compris en faisant couler le sang des Algériens, et au cours des décennies suivantes à ce jour ! En octobre 1988, les services de sécurité, tous corps confondus, n’ont pas hésité à torturer, à emprisonner et à tirer sur le peuple ! Les membres du système, pourtant écartés, n’ont pas pris position dans de tels moments tragiques et impensables, ils sont restés membres du système, prêt à reprendre du service ! Les plus honnêtes ne se sont pas enrichis illégalement, mais ils ont tout simplement géré leurs carrières ! Mais, actuellement, les choses arrivent à une telle gravité au point que beaucoup des différents cercles du système, y compris ceux qui ont été écartés involontairement ou volontairement, le pensent et l’expriment. Car l’actuel président, M. Bouteflika, est incapable de penser une idée, d’en exprimer une partie par écrit ou oralement, il est incapable de gérer soi-même les besoins biologiques et physiologiques de son corps. Comment pourrait-il gérer une nation dans la tourmente ? Mais ce n’est pas lui, M. Bouteflika, président de la nation algérienne, qui veut se représenter pour la 4e fois ! Il est incapable d’exprimer une telle volonté ! Ce sont ses cercles immédiats, car ils défendent leurs intérêts individuels de corruption et de corrupteurs, ils agissent pour continuer à dilapider la nation et pour se protéger, par le système au pouvoir !
Le président actuel est une figure parmi les fondateurs de l’Algérie indépendante, il a fait partie du clan, qui tout en prenant par la force le pouvoir à l’indépendance et en cassant la seule institution légale du peuple algérien, le CNRA, a, malgré tout cela agi pour que l’Algérie échappe au chaos au lendemain de l’indépendance. L’Histoire nous apprend, à chaque relecture, que tout est compliqué et dans tout pas vers le progrès, il y a des aspects odieux et d’autres qui font la fierté de plusieurs générations.
Le président Bouteflika ne mérite en aucun cas ce sort et cette fin. Pourquoi le soumettre à une telle humiliation ! Il mérite de finir ses jours dans le respect et la dignité ! Des solutions existent à cette sortie de crise ! Je dirais qu’il est encore temps que le président Bouteflika se retire comme candidat, dans le respect et la dignité ! Que la liste des candidats s’ouvre à ceux qui ont été éliminés injustement, et aussi à d’autres du système au pouvoir comme Hamrouche et Sid-Ahmed Ghozali, pour ne citer que ceux-là, qui sont restés dignes sans verser dans l’enrichissement illégal et la corruption. Ils constituent, avec d’autres, des forces politiques, qui malgré l’âge sont encore en mesure de contribuer à la transition, à la nouvelle génération politique ; il est déjà tard, mais il n’est jamais trop tard pour bien faire.
Dr Abdelkader Saâdallah