Un message surréaliste
Par Meriem Sassi – La campagne électorale pour la présidentielle du 17 avril s’ouvre officiellement aujourd’hui. Le scénario imaginé pour reconduire Bouteflika au pouvoir pour un nouveau quinquennat est désormais dans sa dernière phase d’exécution et rien ne semble réellement ébranler les certitudes du président-candidat, et celles de ses nombreux animateurs de campagne chargés de faire son éloge et de le faire réélire malgré son état de santé. Emmenés par Sellal, les hommes du Président répètent inlassablement que Bouteflika va de mieux en mieux, laissant même entendre, ces derniers jours, qu’il allait parler au peuple, en personne, pour le tranquilliser. Hier, pourtant, le Président s’est encore adressé aux Algériens à travers un texte écrit, pour mettre fin à tous les doutes qui pouvaient encore subsister quant à son intention de postuler à un nouveau quinquennat, mais, aussi paradoxalement que cela puisse paraître, pour «confirmer» la détérioration de son état de santé du fait des «lourdes responsabilités» qu’il a assumées durant quinze ans. Bouteflika laisse entendre qu’il ne tenait pas particulièrement à briguer un nouveau mandat si ce n’était l’insistance des Algériens. Au centre de toutes les polémiques, il se disculpe et renverse la vapeur en estimant que la nouvelle responsabilité qui lui incombera s’il est réélu sera due à l’insistance d’une grande partie de la population qui l’exhorte à continuer l’œuvre de stabilisation et de développement enclenchée. Bouteflika a donc trouvé le moyen d’accabler les Algériens et de leur faire endosser la responsabilité de sa candidature improbable. Pour lui, c’est le peuple qui lui fait porter une lourde tâche en dépit de la fragilité de son état. «Vous tenez à ce que je voue mes dernières forces au parachèvement de la réalisation du programme pour lequel vous m'avez, chaque fois, donné mandat. Je suis en devoir de répondre positivement, car je ne me suis jamais, ma vie durant, dérobé à aucun devoir au service de ma patrie. Il me coûterait de rester sourd à vos appels. Aussi, ai-je décidé, pour ne point vous décevoir, de me porter candidat à l'élection présidentielle du 17 avril 2014 et de mettre toute mon énergie au service de la concrétisation de vos vœux.» Ainsi s’exprime Bouteflika dans un message surréaliste qui laisse encore une fois les citoyens sans «voix», au sens propre comme au sens électoral du terme.
M. S.
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