Nouveaux convertis
Par Karim Bouali – La campagne électorale a commencé, comme d’habitude, timidement, bien qu’elle ait été précédée d’un bouillonnement dans les médias et dans les microcosmes qui n’a finalement pas réussi encore à faire bouger la population, ni dans un sens ni dans un autre. Les candidats à la présidentielle se retrouvent en compétition entre eux et en même temps, pour la première fois, apparemment «solidaires» face à ceux qui appellent au boycott du scrutin du 17 avril. Pour la première fois aussi, les boycotteurs d’une élection dans notre pays ont eu le droit de faire campagne. Les salles de réunion leur sont ouvertes avec les autorisations qu’il faut et leurs activités sont répercutées par les médias lourds publics, télévision en tête. Doit-on en conclure comme le pensent beaucoup d’observateurs que le droit accordé aux boycotteurs de faire connaître leurs arguments à l’opinion publique et de mobiliser l’électorat contre ce scrutin est une «ruse de guerre» du clan présidentiel, dans la mesure où l’abstention joue en faveur du président-candidat ? On peut comprendre également que ces boycotteurs puissent avoir les faveurs du système en découvrant qu’il s’agit d’une coalition de partis qui ont eu à être associés au pouvoir par le passé et de personnalités politiques dont plusieurs ont occupé des postes importants dans le gouvernement, à l’exemple d’Ahmed Benbitour, plusieurs fois ministre puis chef de gouvernement sous la présidence de Bouteflika d’ailleurs. Son cas est symbolique de la démarche des boycotteurs. Après avoir annoncé avant les autres sa candidature, croyant sans doute que le jeu était ouvert, Benbitour s’est retiré de la course dès que le président Bouteflika s’est porté candidat. Il appelle au boycott maintenant. Un choix facile. La tendance à un fort taux d’abstention qui se dessine nettement pour le moment n’a pas été déclenchée par l’activisme des nouveaux convertis à l’opposition. Elle est spontanée.
K. B.
Comment (4)
Les commentaires sont fermés.