Un message au Qatar ?
Par Karim Bouali – Le fait est sans doute sans précédent et l’information, incroyable au premier abord : un tribunal égyptien vient de condamner à la peine de mort 529 membres de l'organisation islamiste des Frères musulmans. Certes, les chefs d'accusation sont graves dont celui du meurtre d’un officier de police. On peut également relativiser l’ampleur du jugement en précisant que seuls 153 des condamnés sont détenus, les autres sont en fuite. De plus, rien n’est encore tranché, les condamnés peuvent faire appel de cette décision devant la Cour de cassation, comme le prévoit la procédure criminelle en Egypte et le verdict doit être, au préalable, soumis au mufti d'Al-Azhar qui va donner au juge son opinion. Pour essayer de comprendre ce verdict, en apparence extravagant, on peut également rappeler que le mouvement des Frères musulmans a été officiellement déclaré, fin décembre 2013, organisation terroriste par les autorités égyptiennes qui le considèrent donc aussi dangereux que les organisations comme le Front Al-Nosra qui sont affiliées à Al-Qaïda. Enfin, on dit que le verdict a une signification politique. Est-ce un message d’avertissement au Qatar, protecteur des terroristes Frères musulmans, et d’encouragement à l’Arabie Saoudite, solidaire de l’Egypte parce que menacée, elle aussi, par ce mouvement ? Mais, pour autant, il s’agit d’un grave dérapage des nouvelles autorités égyptiennes. Combattre les Frères musulmans, d'accord, éradiquer le terrorisme, d'accord, mais condamner plus de 500 personnes à la peine capitale, c'est quand même exagéré ! Ce jugement qualifié de mascarade porte atteinte non seulement à la réputation et la crédibilité de l'institution judiciaire et du gouvernement égyptiens, mais également à la crédibilité de la lutte antiterroriste. Un second groupe d'environ 700 accusés sont jugés aujourd’hui pour les mêmes motifs d’accusation. Le record de 529 condamnés à mort dans un seul procès sera-t-il battu ?
K. B.
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