Inspirons-nous de l’esprit de Ben M’hidi et de Ghandi

Au début de l’année 2014, les Algériens jaloux du devenir de leur pays s’attendaient à l’émergence d’une nouvelle classe politique qui nous sortirait de la gabegie et de la léthargie. Mais pour sauvegarder leurs propres intérêts, les forces du statu quo refusent le changement en faisant prendre au président-otage la route qui mène vers le destin de Ben Ali, Moubarak et Kadhafi. Afin de terroriser les gens, ils mettent en avant la «stabilité» qui risquerait d’être perturbée (à l’exemple du «printemps arabe») par les opposants qui contestent l’ordre établi. «Nous défendrons la stabilité (le statu quo) par notre sang», disait l’ex-Premier ministre lors de ses nombreuses tournées ; dernièrement, il osa même porter atteinte à l’honneur de la région d’origine de Ben Boulaid et de beaucoup de chouhada en insultant les Chaouis. Le «chef» désigné du néo-FLN n’avait pas hésité à discréditer notre armée (dans les affaires de Tibhirine et de Tiguentourine) afin de plaire aux pays étrangers. Au lieu de sa condamnation pour «haute trahison», il occupe présentement une place de choix dans la cellule de propagande qui active pour la réélection du président-candidat. Tandis qu’un autre «zamar» (un démocrate repenti) n’avait pas hésité à maudire les pères de toutes les personnes qui n’aiment pas son nouveau maître et sa fratrie. Devant cet état de fait, les partisans du changement adoptent deux démarches opposées : les uns sont favorables aux élections du 17 avril prochain, les autres les rejettent en affirmant que les jeux sont déjà faits. Les premiers, naïfs ou audacieux, affirment qu’il ne sert à rien de déserter la scène sans livrer le combat. La campagne électorale est une occasion inespérée pour développer ses idées. Le pouvoir traînant de nombreuses casseroles, il est facile de le discréditer tout en présentant un programme alléchant qui obtiendrait l’adhésion des indécis. Le changement se ferait en douceur, par le truchement des urnes. Si par malheur les tenants du statu quo trichent, ils trouveront sur leur chemin de courageux interlocuteurs. Les partisans du boycott et de l’abstention, visionnaires ou fatalistes, avancent d’autres raisons. Pour eux, le régime autocrate est passé maître dans l’art du mensonge et le trafic des élections, depuis 1962 : ce n’est pas aujourd’hui qu’il fera exception. D’ailleurs, depuis l’arrivée de M. Bouteflika, voilà quinze ans, le champ politique retrouva ses années de plomb par le refus de la création de nouveaux partis politiques durant dix ans. Ce n’est qu’à la faveur des bouleversements politiques survenus dans notre région qu’il consentit à une timide ouverture afin de désamorcer les mécontentements. Il ferma le champ médiatique à l’opposition, tout en s’octroyant les richesses du pays aux yeux des populations (Bouteflika bâtisseur d’autoroutes, constructeur et distributeur de logements, généreux donateur de crédits Ansej, etc.). Le moindre évènement est attribué à «Fakhamatouhou» avec l’exhibition de ses portraits géants qui nous rappelle la Corée du Nord d’autrefois. Ce culte de la personnalité se désintéresse complètement du devenir et de la grandeur de notre pays. Après cette propagande durant des années, les jeux électoraux sont faits : la participation de l’opposition sert uniquement à les valider aux yeux des pays étrangers. Finalement, en participant au vote, les partisans du changement «poursuivent le voleur jusqu’au seuil de sa porte». Quant aux boycotteurs et aux abstentionnistes, d’autres formes de lutte sont envisagées afin de démontrer l’absurdité du régime, tout en brisant le mur de la peur et de l’indifférence qui permettra à la population de se réveiller. Quel que soit le résultat au lendemain du 17 avril, les deux camps se retrouveront la main dans la main. Espérons seulement qu’en cas de fraude massive, la sagesse primera. Votre serviteur, qui ne croit guère à cette mascarade électorale, ira ce jeudi 27 mars à la fac centrale afin de crier : «52 ans, barakat !». Mais notre lutte est pacifique, car notre peuple a déjà versé trop de larmes et de sang, contrairement aux déclarations agressives du clan présidentiel. Pour cela, nous devons nous inspirer de l’esprit de Larbi Ben M’hidi et de Gandhi, en commençant par adopter une attitude zen avec nos sœurs et nos frères policiers. Même les gens au pouvoir ne sont que des compatriotes égarés, ayant perdu la raison devant les fastes du pouvoir et de la richesse matérielle, en oubliant l’intérêt suprême de leur pays.
Boudjema Tirchi, membre autonome du mouvement Barakat
 

Pas de commentaires! Soyez le premier.

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.