Petits et grands voleurs
Par M. Aït Amara – Plusieurs médias l’ont rapporté : l’ancien directeur de l’ENTV, Hamraoui Habib Chawki, a été victime d’un cambriolage dans sa villa cossue située dans le quartier tout aussi cossu de Chéraga, sur les hauteurs de la capitale. Bilan du «butin» : trois milliards de centimes dérobés. Un dilemme s’est posé à nous, en tant que journal : devions-nous traiter cette information comme un fait divers ou comme une révélation tombée du ciel tout à fait par hasard ? Car, au-delà du vol lui-même, ce qui attire l’attention dans ce casse, c’est la valeur des objets et la somme faramineuse dont les malfaiteurs se sont emparés. La question est simple : d’où ce fonctionnaire tient-il cette fortune ? Il est clair que si cet ancien ministre de la Communication cache autant de billets sous son lit, cet argent ne peut représenter qu’une partie d’un tout qui serait, lui, déposé dans les banques. A combien se chiffre le capital de ce défenseur faussement excessif de Bouteflika, cet enfant gâté du système qui s’est retrouvé à occuper les plus hautes fonctions au sein de l’Etat par les simples faits de l’adulation et de la malignité ? Comment ce fonctionnaire, aussi chanceux fût-il dans sa quête déchaînée d’une place au soleil, depuis qu’il activait à l’UNJA, la fameuse organisation de jeunesse affidée du FLN parti unique, pouvait-il s’enrichir à ce point, tout en demeurant un simple salarié de la Fonction publique ? Bien sûr, il est connu du plus grand nombre que ce transfuge du 21 boulevard des Martyrs – où les affaires marchaient bien – ne fait pas partie de cette catégorie d’hommes publics qui échappent à l’attention de l’opinion. Il est, en effet, extrêmement rare – au sein de la corporation et dans les milieux initiés, du moins – d’entendre parler d’autre chose que des frasques de ce désormais vieux loup de la politique dont on ne sait s’il a pu monter la première marche du pouvoir grâce à la bienfaisance de Belaïd Abdeslam, alors chef du gouvernement, ou à une injonction d’Ali Kafi, alors président du Haut Comité d’Etat et secrétaire général de l’ONM. Doté d’un sens de l’anticipation et d’une capacité de métamorphose incroyables, Hamraoui Habib Chawki s’adapte à tous les Présidents et à tous les systèmes. Les petits voleurs qui ont vidé sa villa étaient loin de se douter qu’ils allaient, par leur larcin, dévoiler l'embourgeoisement d’un commis de l’Etat qui, lui aussi, «croit» dur comme fer que seul un quatrième mandat «sauvera» le pays de la rapine et du pillage. La justice enquêtera-t-elle ?
M. A.-A.
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